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Les effets de levier de la holding

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Catégorie : Actualité comptable
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L'achat par effet de levier ou LBO (Leverage Buy Out), est une notion utilisée dans le cadre de la holding.

Ce système permet l'acquisition d'une entreprise par une société ad hoc et d'en optimiser le mécanisme général par différents effets de levier.
Le LBO suit un objectif d'optimisation de la rentabilité des capitaux propres par rapport au coût de la dette, mais également de la rentabilité de l'actif économique.

Ces ratios se calculant de la manière suivante :

  • Taux de rentabilité des capitaux propres ou financière = Résultat net / Capitaux propres

  • Taux de rentabilité de l'actif économique = Résultat d'exploitation / Actif économique
    Sachant que l'actif économique = Immobilisations + BFR + Trésorerie

 

A première vue, ce mécanisme peut sembler compliqué mais, en fait, s'avère assez simple pour des chefs d'entreprises avertis.

Nous allons donc aborder ici, les trois catégories d'effet de levier existantes d'un point de vue juridique, financier et fiscal.

 

L'effet de levier juridique

Cet effet de levier permet à un associé de contrôler une société d'exploitation, de manière indirecte, grâce à la mise en place d'une holding. Ce système offre l'avantage de minimiser l'investissement de départ du dirigeant, par la détention de la majorité des parts de la société d'exploitation, appelée « société cible ».

A titre d'exemple, une société qui est évaluée à 10 000 ¤. Le repreneur qui souhaite acquérir cette structure et en détenir la majorité a deux solutions :

  • soit il fait l'acquisition de 51 % des parts directement pour une valeur de 5 100¤ ;

  • soit il constitue une holding dans laquelle il détiendra 51 % des parts du capital social, qui, elle-même contractera un emprunt pour l'acquisition de la majorité des parts de la société cible, soit 51 %. Ainsi le pourcentage de contrôle, au terme de cette opération pour ce repreneur, sera de 51 %, avec un pourcentage d'intérêt de 26 %.

 

Voici schématiquement en quoi consiste cette situation.

 

Hypothèse 1, sans holding

Associé

Société d'exploitation
Valeur = 10 000¤

Le repreneur doit s'engager à payer plus de la moitié de la société d'exploitation pour en détenir la majorité des parts, soit 51 %. Cette situation génère une dépense globale du dirigeant à hauteur de 5 100 ¤.

 

Hypothèse 2, montage avec holding

Holding de rachat
Capital de 1 000 ¤

Société cible Valeur = 10 000¤

 

Dans cette hypothèse, la holding sera constituée avec un capital social de 1 000¤ qui sera détenu en majorité par le repreneur, à hauteur de 510¤, soit 51 % du capital social. Cette holding rachètera par emprunt, la majorité des parts de la société cible, soit 51 % pour une valeur de 5 100¤. Indirectement, le repreneur aura pris possession de la majorité des parts de la société d'exploitation pour un investissement de 510¤, au lieu de 5 100¤ initialement.

Par ce schéma, il est très rapide de se rendre compte de l'effet de levier juridique généré par le montage et la minimisation de l'investissement initial du repreneur.

L'effet de levier financier

Dans ce cadre, c'est davantage le financement de l'opération de constitution de la holding qui est analysé.

Une société d'exploitation est achetée par une société holding, mais au lieu d'effectuer cette opération en totalité par autofinancement, une partie est financée par emprunt. Les intérêts liés à cet emprunt pour l'acquisition de la société « cible » seront déduits en totalité dans les comptes de la société holding. Cette opération permet généralement à la holding de créer un déficit qui pourra être consolidé, avec les résultats des autres sociétés du groupe, dans l'hypothèse d'une option à l'intégration fiscale.

A titre illustratif, une société d'exploitation valorisée à 10 000¤, comme dans l'exemple précédent. L'investissement à réaliser par la holding pour acquérir la société cible, si cette acquisition se fait en intégralité, sera de 10 000 ¤. Plutôt que d'autofinancer la totalité, il serait plus intéressant d'effectuer un financement par emprunt à un taux de 3 %, par exemple. Cela donne, pour la première année 300¤ d'intérêts financiers au niveau des comptes de la holding, qui permettront de diminuer le résultat de l'exercice d'autant.

Cet effet de levier financier reste donc un bon moyen d'optimisation de la trésorerie de la holding, à la condition que le taux d'emprunt soit inférieur au taux de rentabilité des capitaux propres de la cible (formule vue précédemment).

 

L'effet de levier fiscal

Ce mécanisme consiste à limiter la charge liée aux remontées de dividendes, avec seulement la taxation d'une quote-part de 5 % sur ces produits au titre des charges liées aux dividendes, sur un exercice. A titre d'exemple, une filiale détenue à 100 % par une holding, dégage un résultat à hauteur de 10 000¤. Ce produit serait logiquement taxable en totalité dans n'importe quelle structure. Excepté que ce dispositif, grâce à l'application du régime des sociétés mère-fille, permet une déduction de 95 % fiscalement dans les comptes de la société mère, pour ne taxer au final que 5 % de ces produits (régime mère-fille).

Autre aspect de l'effet de levier fiscal, en partie abordé avec l'effet de levier financier, est la déduction des charges financières. Les intérêts d'emprunt, constatés comptablement au niveau de la holding, permettent la diminution du résultat de cette structure, à la clôture des comptes annuels. Ce mécanisme permet à des sociétés mères, ayant effectué un financement externe important, de générer un montant d'intérêt d'emprunt élevé, créant ainsi un déficit qu'il est possible d'intégrer fiscalement aux résultats des filiales, par exemple. Ce mécanisme utilisé grâce à la fiscalité en vigueur, permet d'en faire une optimisation remarquable.

Toutefois, le Législateur a posé quelques limites à ce principe de déduction des charges financières, avec la mise en place d'un dispositif connu sous le nom d'Amendement Charasse.

La holding est donc bien, un moyen d'optimisation dans différents domaines.

Vénaïg Le Bris

Vénaïg Le Bris est diplômée d'expertise comptable et inscrite à l'Ordre des experts-comptables de Bretagne.


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