Bonjour Quantz.
J'entends bien votre point de vue, et j'accepte certains de vos remarques.
Cela étant, dans le cabinet dans lequel je suis, ca marche pas comme ca, on est un peu petit pour avoir ce type de fonctionnement. Il y a une personne (l’expert comptable titulaire) qui est seul décisionnaire sur ces points, et s’il se réfère un peu aux deux « managers » pour avoir leur avis, c’est lui qui prend la décision définitive quant aux augmentations, promotions, et dispatching des dossiers.
Certes je défende mon équipe auprès de la direction par rapport aux augmentations, mais de façon très objective, et uniquement basée sur la qualité du travail et des rendus. C’est le principe «le boulot c’est le boulot ». Mais j’ai commencé en bas de l’échelle, et j’ai progressé uniquement sur la base de mon travail (et non parce-que j’étais « bien » avec la hiérarchie).
Mon propos n’est pas destiné à générer une polémique, mais je me soucie un peu de la réputation des cabinets auprès des étudiants. Par rapport à la profession d’expert comptable, je pense que le métier est en constant évolution, et qu’aujourd’hui, les cabinets traditionnels de gratte-papiers vont disparaitre. Les têtes pensantes de la profession le rabâchent régulièrement : aujourd’hui, notre rôle est un rôle de conseil privilégié auprès du chef d’entreprise. Notre travail de production (bilans, liasses, TVA, etc..) doit être parfait, mais ca ne suffit plus. Et sur le terrain, je ne peux que le constater. Les équipes comptables des entreprises sont d’un niveau de plus en plus élevé, et souvent plus au courant d’un certain nombre de choses (étant tous les jours confrontés aux problématiques d’une activité économique donnée), que l’expert comptable lui même. Notre « expertise » trouve son origine dans le fait qu’on est un peu les médecins généralistes de l’entreprise, et qu’on est capable de savoir que telle ou telle action en fiscalité risque d’avoir telle ou telle conséquence juridique ou sociale. Du coup, les cabinets qui souhaitent survivre vont devoir trouver des salariés de haut niveau, qui ont une forte exigence de qualité, et qui sont capables de porter ce petit plus qui nous permet de nous appeler « cabinet d’expertise comptable ».
Collaborateur de haut niveau implique qu’on s’adresse à des postulants qui ont un pouvoir de choix. Ceux sont eux en fait qui fixent les règles en partie. Par exemple si dans mon équipe, j’ai une collaboratrice que je ne souhaite pas perdre, dans ce cas, si elle a des obligations par rapport à sa famille, c’est à moi de trouver des solutions lui permettant de les remplir…. Gérer mieux les déplacements, mieux organiser le travail pour ne pas la surcharger, etc etc.
J’ai plus besoin de mon équipe qu’elle a besoin de moi. Et ce besoin est d'autant plus important pour mon employeur. Je pense que les cabinets qui vont continuer à se développer sont ceux qui essaient d’adopter ce point de vue. Ce sont les cabinets qui doivent s’adapter à la réalité de la vie des membres les composants, et pas l’inverse. Et on constate cette évolution de plus en plus, peut-être pas dans les gros cabinets, mais dans les petits cabinets spécialisés, ou dans les cabinets ayant des dirigeants plutôt jeunes.
J’ai l’impression en vous lisant Quantz, que peut-être là où vous êtes, vous êtes frustré, et peut-être pas apprécié à votre juste valeur. Je ne peux que vous inviter à quitter une telle situation, et à chercher une autre solution. Ca peut être en entreprise, comme en cabinet. Mais d’expérience, je sais que le marché de l’emploi en comptabilité est tendu, dans le sens qu’il y a pas mal d’offres de postes et finalement pas beaucoup de demandes. A condition de vous rendre « indispensable » du fait du niveau et de la qualité de votre travail, de votre sens de la formation continue que vous vous imposez, et de votre sens de service, vous êtes en position de force.
J’aimerais bien que des expert comptables donnent leur avis sur ce que je viens de dire….. C’est ma vision du métier, qui n’engage que moi. Mais un cabinet n’est bon qu’à partir du moment que son équipe est bonne.
Pensez à ce que j’ai dit, il est très facile de critiquer, mais moins facile de dire du bien. J'aimerais que vous dites ce que vous attendez de votre employeur, et ce qu'il faudrait pour changer votre attitude à l'égard des cabinets.
On aimerait tous pouvoir gagner notre vie sans avoir à travailler, le travail, c’est une contrainte. Mais je reste convaincu qu’on peut bien vivre son travail, et que le cabinet, tout comme un poste de comptable ou DAF d’une entreprise, constitue un travail intéressant, où on apporte des choses tous les jours. C’est peut-être un peu lié à mes origines, je viens d’un pays où le travail est assimilé à une qualité, et où on respecte ceux qui sont « arrivés » du fait de leur implication professionnelle. Mais beaucoup d’étudiants ont également ce principe. Je me régale de travailler avec mon équipe qui est plutôt jeune, pas parce qu’on a une relation polluée par l’hiérarchie, mais parce-que ses membres sont des gens exigeants avec eux mêmes, qui n’aiment pas être pris à défaut. Je suis rarement aussi fier que lorsqu’un client nous félicite de notre intervention ou nous dit merci.
En tout cas, on ne sera peut-être jamais d’accord, mais bon. Il y a des milliers de cabinets en France, qui n’appliquent pas les méthodes des bigs, mais qui cultivent la qualité de service et la proximité. Or le niveau de qualité dépend du niveau des collaborateurs. Et les bons, beh, je reste convaincu qu’il faut faire le nécessaire pour les garder. L’un des intervenants a fait remarquer que certains cabinets ne se relèvent pas d’un départ d’une personne clé, et je peux le confirmer…. C’est pareil dans chaque entreprise.
Cordialement,
Tom