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[Interview] Drakarys lance sa deuxième levée de fonds

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Catégorie : Actualité des métiers du chiffre
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Lionel Canesi Drakarys

Drakarys, la société d'investissement aux 2 200 cabinets actionnaires, lance sa deuxième levée de fonds. Une nouvelle souscription qui semble déjà rencontrer un certain succès, puisqu'elle aurait permis de lever 200 000¤ dans ses premières 24 heures.

Dans le même temps, de nombreuses voix se sont fait entendre ces derniers mois pour critiquer la gouvernance et l'objet de cette société d'investissement lancée en 2021.

Lionel Canesi, président de Finko participation, gérant commandité de Drakarys, répond à nos questions.

Drakarys annonce une deuxième levée de fonds. Pourquoi lancer cette nouvelle souscription ?

La première levée de fonds a permis de réunir 7 686 M¤ et plus de 2 200 cabinets, soit un investissement moyen de l'ordre de 3 000¤. C'était un très beau départ, mais ils nous faut désormais accélérer, et c'est ce que nous faisons avec cette deuxième souscription, qui se fait à valeur nominale, soit 1 000¤ par action.

Ce deuxième tour de table doit nous permettre d'aller encore plus loin, et notamment de continuer à soutenir WeeKEra, la start-up de paie et RH qui devrait être prête fin 2024. Il y a très peu de concurrence dans ce secteur, et cela nous conduit à des situations inacceptables : certains de nos confrères ont vu la facture de leur logiciel de paie augmenter de 80% !

En investissant massivement dans WeeKEra, nous stimulons la concurrence. Par ailleurs, les actionnaires de Drakarys ayant au moins 3 actions bénéficieront pendant 5 ans d'une remise de 5% sur leur facture WeeKEra.

La profession semble d'ores et déjà répondre très favorablement, puisque nous avions dépassé les 200 000¤ de souscription en 24 heures.

 

Quel est le bilan de Drakarys près de 2 ans après son lancement ?

Au cours des deux dernières années, nous nous avons investi dans 4 sociétés :

  • MyUnisoft, une solution de production comptable et fiscale utilisée par plus de 600 cabinets. Drakarys détient 5% de son capital ;
  • WeeKEra, une solution de paie et RH. L'équipe est maintenant complète, avec de très grands talents, comme Stéphane Lecaillon, David Thirache, et Remy Longueville. Drakarys détient 32% du capital ;
  • Juriactes, une solution juridique, utilisée par 610 cabinets. Drakarys détient 33,33% du capital ;
  • Wellcov, une plateforme d'assurance qui permettra à terme aux experts-comptables de distribuer des produits d'assurance auprès de leurs clients. Drakarys détient 30% du capital.

L'ensemble de ces investissements ont été décidés par le comité de contrôle, conformément à nos statuts. 

 

Justement, la prise de décision au sein de Drakarys a soulevé des questions, certains soulignant la présence de 9 proches sur les 14 membres du comité de contrôle. Que répondez-vous à cela ?

Les 9 personnes que vous évoquez sont issues du COMEX du Conseil national de l'Ordre des experts-comptables au moment où j'en étais le président. Ce sont 9 élus, tous bénévoles comme moi, qui ont initié le projet pour amorcer le mouvement. Ils ne bénéficient d'aucun avantage particulier. Le comité de contrôle ne se limite pas à eux : les 5 autres membres sont l'IFEC, ECF, le CNOEC, l'ANECS et le CJEC. Tout cela a été clairement expliqué par le passé, vous m'aviez d'ailleurs interrogé là-dessus au moment du lancement de Drakarys[1]. C'était une promesse de campagne, je l'ai mise en ½uvre. Il fallait une équipe resserrée pour permettre une décision rapide et préserver la confidentialité des opérations.

Personne ne peut penser sincèrement que des cons½urs et confrères, qui ont tous présidé un conseil régional ou assumé la vice-présidence du Conseil national, ne sont pas capables de prendre des décisions en toute indépendance dans l'intérêt de la profession, quelle que soit leur appartenance syndicale.

 

On vous a également reproché une confusion d'image entre Drakarys et le CNOEC. Qu'en pensez-vous ?

Drakarys est dirigé par Finko participation, une SAS dont je suis le président. La gouvernance de Drakarys est donc clairement dissociée de celle du CNOEC. C'est un choix totalement assumé, et affiché clairement depuis le départ. Contrairement à ce que j'ai pu entendre, je l'avais annoncé clairement et publiquement à l'époque du lancement de Drakarys, par exemple dans les webinaires de présentation du projet, toujours disponibles en ligne. Pourquoi avoir fait ce choix ?

Comme je le disais dès 2021, une société d'investissement a besoin de stabilité, de temps, difficilement compatibles avec la politique et des mandats de 4 ans. Aucune des start-ups dans lesquelles Drakarys a investi n'aurait accepté notre entrée au capital si l'investissement avait été lié à la gouvernance du CNOEC, et elles nous l'ont dit clairement. Les changements à la tête du CNOEC ces derniers mois ne font que renforcer l'idée que nous avons eu raison de dissocier Drakarys du CNOEC. 

 

Au moment du lancement de Drakarys, vous indiquiez : « il faudra ouvrir plus largement cette gouvernance, c'est une évidence ». Qu'en est-il aujourd'hui ?

Je compare souvent ce projet à un enfant qui grandit. Drakarys est né en 2021, mais ma responsabilité sera évidemment de passer la main au moment opportun, lorsque l'entreprise atteindra sa maturité. C'est la raison pour laquelle je prévois de consulter les actionnaires commanditaires en 2024 pour envisager ensemble plusieurs alternatives de gouvernance. 

 

Des prises de participation minoritaires dans des start-ups permettent-elles réellement d'avoir une influence sur leurs projets ?

Mon constat est très simple : dans un contexte d'inflation généralisée, les cabinets, qui se sont massivement équipés de solutions digitales ces dernières années, voient leur coûts fixes exploser. La profession doit faire sa transformation numérique, mais elle ne doit pas se retrouver otage de quelques éditeurs.

Une fois ce constat posé, on a deux possibilités. Protester officiellement, signer des tribunes, ou agir. J'ai choisi la deuxième option. Pour moi, Drakarys représente la seule initiative crédible pour relever ces défis, en stimulant la concurrence au sein de l'écosystème des éditeurs de la profession, et en faisant entendre notre voix dans leurs conseils de surveillance. 

 

L'emprunt de 6 millions d'¤ accordé par le CNOEC à Drakarys sous votre présidence a également suscité beaucoup de commentaires. Comprenez-vous ces interrogations ?

Une procédure judiciaire est actuellement en cours, je ne pourrai donc pas répondre à cette question dans le détail. Nous considérons, consultation d'avocat à l'appui, que cet emprunt a été accordé dans des conditions tout à fait régulières. La présidence du CNOEC estime désormais le contraire. Nous attendons sereinement une décision de justice sur ce point. Nous sommes sereins et les 6 millions d'¤ ont été mis de côté. Quoiqu'il arrive, cela ne mettra pas en péril Drakarys.

 

Votre objectif avec Drakarys n'a pas changé. Toutefois, avec le recul, auriez-vous employé une autre méthode pour lancer ce projet ? 

J'assume totalement d'avoir mis en ½uvre le programme porté par ECF sur lequel nous avons été élu en 2020. J'ai fait ce que j'avais dit et écrit. Toutefois, mon erreur a peut être été de vouloir avancer trop rapidement, sur trop de sujets à la fois. Avec le recul, je réalise que j'aurais dû prendre plus de temps pour convaincre et dialoguer. Pour moi, la phase de concertation avait eu lieu en période d'élection. Ensuite, je n'ai pensé qu'à une chose : mettre en ½uvre le programme pour lequel j'avais été élu. Ceux qui me connaissent savent que je suis quelqu'un de passionné et d'engagé. Mon objectif n'a pas changé : servir et être utile à la profession. C'est la seule chose qui m'intéresse.

[1] Voir notamment « Drakarys : faut-il souscrire à la société d'investissement de la profession ? »

Julien Catanese Aubier

Julien Catanese Aubier
Diplômé d'expertise comptable, après 7 ans en tant que rédacteur en chef puis directeur de la rédaction Fiscalistes et experts-comptables chez LexisNexis, Julien rejoint l'équipe Compta Online en tant que Directeur éditorial de juin 2020 à octobre 2023.
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