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#ElectionsCSOEC Interview de Stéphane Benayoun, tête de liste Visions d'Experts

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Catégorie : Actualité des métiers du chiffre
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#ElectionsCSOEC Stéphane Benayoun détaille le programme de la liste Visions d'Experts

Les élections au Conseil supérieur de l'Ordre auront lieu du 8 au 22 novembre 2020. Dans ce cadre, Compta Online interroge les têtes de liste pour mieux comprendre leurs programmes et ambitions.

Stéphane Benayoun, candidat sur la liste Visions d'Experts, répond à nos questions.

Vous souhaitez « repenser le diplôme d'expert-comptable ». Quels sont les points que vous souhaitez-modifier ? 

De façon générale, il faut d'abord faire en sorte que nos programmes soient très rapidement et très régulièrement mis à jour. A plus court terme, deux thématiques doivent être intégrées : l'exploitation des bases de données, et la comptabilité GES (comptabilisation des émissions de gaz à effet de serre). Je ne crois pas que l'audit doive être exclu du DEC, bien au contraire. L'audit contractuel est une mission d'avenir pour les experts-comptables, et cette matière a toute sa place au sein du diplôme.

Il faut par contre moderniser le stage, en le découpant en semestres validables de façon autonome, et en le rendant plus proche du terrain, tout en ayant davantage de contenu. Le mémoire, par contre, décourage trop de talents, qui sont nécessaires à la profession. Sa suppression pure et simple nous semble être la meilleure solution, mais cela fera l'objet d'une consultation nationale.

 

Pourquoi souhaitez-vous supprimer l'accès au stage pour les DSCG incomplets ? 

C'est tout simplement une impasse en termes de formation. Personne n'y gagne. Les étudiants détenteurs d'un DSCG incomplet évoluent professionnellement en cabinet, progressent en responsabilités, et disposent donc de moins en moins de temps pour leurs études. Ils se retrouvent dans une situation de blocage, qui les empêche de terminer leur stage. Nous perdons beaucoup de monde à cette étape.

 

Selon la dernière étude du think tank les Moulins, 22 000 équivalents temps plein vont être impactés par la transformation numérique dans les 5 ans : quel est votre plan d'action pour accompagner ces collaborateurs ?

Je ne crois pas au scénario catastrophe. Premièrement, les mutations technologiques se font progressivement, ce qui laisse le temps aux cabinets de s'adapter. Ensuite, nous avons la « chance » d'avoir un problème de recrutement au moment même où notre profession s'automatise. Ce gain de productivité permet donc non seulement de donner davantage de sens aux tâches des collaborateurs, mais aussi de détendre la pression sur les embauches.

Ceci dit, il faut en parallèle avoir une action forte en termes de formation continue, pour ne laisser personne de côté. Et dans ce domaine, je suis favorable à la création de diplômes de l'Ordre des experts-comptables. Cela pourrait prendre la forme d'un label délivré par le CSOEC, qui nous permettrait d'en contrôler le contenu et les modalités d'obtention. Sur le terrain, les établissements seraient ensuite libres de les déployer comme ils le souhaitent, en les associant à un diplôme existant par exemple, ou en créant une nouvelle formation. Nous ne voulons pas créer des « écoles de la profession », ça n'est tout simplement pas notre rôle.

 

Comment prévoyez-vous d'accompagner la transformation numérique des cabinets ? 

Nous voulons que l'Ordre se réapproprie le sujet du numérique. Les instances proposent un club social, un club fiscal, un club développement durable... mais rien sur les systèmes d'information par exemple. Pourtant, le besoin est réel : quels sont les outils d'avenir, et ceux qui sont des impasses technologiques ? Faut-il choisir Teams, Zoom, ou GoToMeeting pour organiser des réunions à distance ? Quel matériel choisir ? Quelles sont les alternatives en matière de logiciel de paie ? Les questions ne manquent pas !

Ce sont de vrais sujets, opérationnels, pour nos cons½urs et confrères, et l'Ordre doit donner son avis là-dessus, en créant de véritables groupes de réflexion qui publieront régulièrement le fruit de leurs travaux, qu'il s'agisse d'analyses de solutions ou d'études prospectives.

 

Toujours dans le domaine du numérique, vous souhaitez organiser un événement annuel pour « dresser l'état du possible pour nos cabinets et présenter le probable pour l'avenir » : en quoi serait-il différent du Congrès annuel de l'Ordre ?

Le Congrès n'est pas suffisamment centré sur nos métiers. D'autant que son mode de financement, par les éditeurs de la profession, nous a fait perdre notre indépendance. Il faut donc imaginer un événement distinct qui apporte des réponses aux questions que je viens d'évoquer, et qui permettent de prendre des positions indépendantes sur telle ou telle solution.

 

Plusieurs candidats proposent de centraliser les données de la profession dans un entrepôt de données, ou un cloud. Qu'en pensez-vous ?

Je ne comprends pas cette proposition. Nous sommes dans un monde multimodal, et les modèles qui prônent la concentration de données en un endroit unique sont dépassés. Cela revient à défendre le modèle du siècle dernier, et cela nous fait courir des risques inconsidérés, tant en termes de sécurité informatique, que de droit de la concurrence. Essayer d'éviter la concurrence en construisant une ligne Maginot illusoire, c'est aussi tuer l'innovation, l'émulation entre éditeurs. Et puis personnellement, je ne voudrais pas que mes données se trouvent au même endroit que celles d'un Big.

 

L'enquête de la Commission européenne sur l'automatisation de la profession comptable laisse-t-elle présager une déréglementation de la profession ?

Je n'y crois pas. Le monopole n'est ni un cadeau ni un privilège, c'est juste la juste contrepartie de contraintes qu'on nous impose : diplôme, obligations de formation, encadrement du champ d'intervention, code de déontologie, normes anti-blanchiment, etc.

C'est pour cela que je milite pour maintenir un très haut niveau d'exigence professionnelle, notamment en matière d'indépendance et de secret professionnel. Nous proposons par exemple que l'annuaire public de l'Ordre fasse apparaître la composition du capital des cabinets.

 

La comptabilité des gaz à effet de serre est un axe important de votre programme. En quoi est-ce stratégique pour la profession ?

C'est un projet d'avenir, basé sur des valeurs positives, qui donne une perspective à la profession. Pourquoi ? Parce que demain, la fiscalité des entreprises sera aussi assise sur les émissions de gaz à effet de serre. La tenue de cette comptabilité est déjà obligatoire pour environ 5 000 entreprises, mais seules 1 700 respectent cette obligation. Il y a donc déjà un champ important de mission pour mettre en conformité les 3 300 autres. Et les seuils vont fatalement s'abaisser.

Mais nous voulons aussi anticiper la réforme en travaillant sur une norme simple, adaptée aux TPE/PME. Si nous nous positionnons rapidement sur ce sujet, nous deviendrons incontournables sur cette question, tant pour les entreprises que pour les pouvoirs publics.

 

Comment comptez-vous lutter contre l'exercice illégal ? 

En matière d'exercice illégal, il y a beaucoup d'affichage. Le nombre de plaintes des institutions est extrêmement faible, et je ne parle même pas des condamnations.

Dans le même temps, des comptabilités sont tenues illégalement dans certains secteurs d'activité, comme le secteur bancaire avec la comptabilité des titres et le secteur immobilier avec les comptabilités de copropriétés et de syndics. Mais rien n'est fait dans ce domaine. On s'attaque au « petit » exercice illégal sans lutter contre l'exercice illégal généralisé.

Nous proposons donc deux choses. Premièrement, intensifier la lutte contre l'exercice illégal de premier niveau, en formant les confrères pour qu'ils attaquent davantage le marché des TPE et occupent le terrain. Ensuite, et surtout, défendre notre prérogative d'exercice dans les secteurs bancaire et immobilier, de la façon la plus ferme qui soit. L'enjeu de chiffre d'affaires pour la profession n'est pas négligeable.

 

La répartition des missions entre le CSOEC et les CROEC doit-elle être modifiée ?

La réforme territoriale est une formidable opportunité de décentraliser certaines fonctions du CSOEC. Le premier confinement nous a démontré que beaucoup de choses sont réalisables à distance, et nous disposons de locaux dans toutes les régions.

Dans ces conditions, pourquoi ne pas décentraliser certains services en région ? Par exemple, pourquoi n'y aurait-il pas un service communication à Montpellier ? Ou des équipes en droit social à Nantes ? Je pense qu'on peut travailler pour trouver un équilibre intelligent.

 

Faut-il changer le nom de la profession, comme cela a pu être évoqué dans certaines conférences du 75e Congrès ? 

Je ne le crois pas. D'un point de vue marketing, nous avons une chance extraordinaire d'avoir le terme « comptable » dans notre titre. Cela nous place de facto au c½ur des flux et des systèmes d'informations. Ce serait une erreur, une catastrophe industrielle de l'abandonner. La marque est forte, réputée, haut de gamme, il ne faut surtout pas perdre cela.

 

Quelle serait le premier dossier que vous défendriez auprès des pouvoirs publics, juste après votre élection ?

Nous devons faire évoluer notre lien avec la tutelle, et ne plus dépendre uniquement de Bercy. Ce que nous souhaitons, c'est qu'en région, l'interlocuteur du CROEC soit le préfet de région, et qu'au niveau national nous passions sous la tutelle du Premier ministre ou du ministre de l'économie. Cela correspondrait mieux à la réalité de nos activités qui ne se limitent pas à la fiscalité et serait d'une grande portée symbolique pour réévaluer notre image qui, si elle est excellente auprès du monde de l'entreprise, est méconnue ailleurs. Voilà le premier dossier que j'évoquerais.

Programmes

Compta Online vous propose un comparatif des programmes, organisés autour de 5 thématiques. Ces thématiques couvrent l'ensemble des propositions mentionnées dans les programmes des différentes listes ou évoqués lors des interventions des candidats.

 

Julien Catanese Aubier

Julien Catanese Aubier
Diplômé d'expertise comptable, après 7 ans en tant que rédacteur en chef puis directeur de la rédaction Fiscalistes et experts-comptables chez LexisNexis, Julien rejoint l'équipe Compta Online en tant que Directeur éditorial de juin 2020 à octobre 2023.


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