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#ElectionsCSOEC Interview de Virginie Vellut, tête de liste IFEC

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Catégorie : Actualité des métiers du chiffre
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#ElectionCSOEC : Virginie Vellut détaille le programme de la liste IFEC

Les élections au Conseil supérieur de l'Ordre débutent le 8 novembre 2020, avec 5 listes en jeu. Compta Online vous propose une série d'interviews pour mieux comprendre le programme de chaque liste et les ambitions des candidats pour la profession.

Virginie Vellut, candidate pour la liste IFEC, répond à nos questions.

Vous voulez « rénover le contenu, le format et la structure du diplôme d'expertise comptable » : quel type de réforme prônez-vous ? 

Il faut réformer le diplôme pour le mettre en adéquation avec les besoins du marché en modifiant :

  • les modalités d'entrée en stage d'expertise comptable, en proposant une voie secondaire aux non-titulaires du DSCG, via un examen d'entrée entièrement pensé et organisé par le CSOEC, associé à une formation préparatoire dispensée par nos IRF, en amont de leur inscription en stage ;
  • le programme du stage, en intégrant notamment des journées de formation consacrées à la gestion du cabinet (marketing, management, RH, communication et stratégie) ;
  • les examens finaux, en repensant l'épreuve de révision comptable et d'audit, et en créant une épreuve de Business Stratégie.

Nous pourrions aussi envisager d'instaurer des certificats de spécialités (dont le commissariat aux comptes), pour que le DEC soit plus en phase avec les besoins futurs du marché.

La suppression du mémoire ne me paraît pas être une bonne idée. C'est une épreuve compliquée, certes, mais elle permet d'approfondir un sujet technique et d'exercer des capacités de synthèse. Je souhaite toutefois institutionnaliser l'accompagnement des mémorialistes, en étendant à l'ensemble du territoire les dispositifs déployés localement par l'ANECS et le CJEC.

 

Vous souhaitez « encourager l'accueil des experts-comptables stagiaires par la prise en charge des coûts pédagogiques ». Selon le CSOEC, la profession compte 6 000 experts-comptables stagiaires. Comment sera financée cette mesure ?

Nous réfléchissons à la mise en place d'un dispositif de soutien financier aux cabinets qui ont vu fondre la prise en charge des coûts pédagogiques des experts-comptables stagiaires, suite à la dernière réforme de la formation professionnelle. Ce serait un dispositif dégressif et temporaire, car à terme, c'est aux cabinets de supporter cet investissement.

Le coût pédagogique d'un expert-comptable stagiaire est différent d'une région à une autre. Dans ma région, il est de  4 200¤ en moyenne, pour l'ensemble des 3 années de stage. Je propose de financer cette prise en charge sur une partie de l'enveloppe dégagée par la vente de nos locaux rue Cognacq Jay, à hauteur d'une dizaine de millions d'¤, car pour moi c'est un dossier prioritaire.

 

Selon la dernière étude du think tank les Moulins, 22 000 équivalents temps plein vont être impactés par la transformation numérique dans les 5 ans : quel est votre plan d'action pour accompagner ces collaborateurs ? 

Je ne partage pas complètement cette prévision. Il est vrai que demain, tous nos collaborateurs ne seront pas capables d'être des data scientists. Mais ça n'est pas non plus la demande du marché. Nous avons besoin de profils capables de traiter des flux automatisés, de « nettoyer » les données intégrées automatiquement, de les fiabiliser. Les missions de full service requièrent aussi des collaborateurs disposant de compétences nouvelles, mais accessibles à tous ceux qui sont actuellement en charge de la saisie.

Dans ce domaine, le rôle du CSOEC est d'établir un cahier des charges pour labelliser les formations qui correspondent aux besoins actuels et futurs de nos cabinets. Les CROEC pourront ensuite établir des partenariats avec des établissements d'enseignement locaux, sur la base de ce cahier des charges, pour créer ces parcours de formation. Créer une école de la profession n'a pas de sens, cela n'est ni notre rôle ni notre métier.

 

Vous voulez « proposer la mise en place d'un entrepôt de données indépendant pour affirmer notre souveraineté numérique ». Pouvez-vous nous en dire davantage ?

L'idée est d'inciter les cons½urs et confrères à déposer dans cet entrepôt de données les fichiers des écritures comptables (FEC) de leurs clients. Avec les données issues de jedeclare.com, et de jefacture.com, nous disposerions ainsi d'une fantastique source de données qualifiées, pour proposer de nouveaux services à nos clients. Nous envisageons plusieurs formats, mais c'est la création d'une société coopérative, construite avec les cabinets et les éditeurs, qui a ma préférence.

Nous devons encore définir le modèle économique, mais cette démarche nous permettra effectivement d'affirmer notre souveraineté numérique.

 

Autre proposition de votre programme, « investir aux côtés des régions dans l'accompagnement de proximité pour la transformation des cabinets ». Quelles sont les actions concrètes derrière cette ambition ? 

En matière de numérique, l'offre de formation est pléthorique. Mais bien souvent, on constate que ce qui manque aux cabinets pour enclencher un véritable changement, c'est de l'énergie, du temps, une impulsion pour démarrer un processus. Il y a là un frein que nous devons lever.

En pratique, je souhaite créer un système opérationnel à la disposition des cabinets dans tous les territoires, financé par le CSOEC. Concrètement, les CROEC proposeraient aux cons½urs et confrères qui le souhaitent une intervention de consulting d'une demi-journée ou une journée, pour mettre en place les outils et solutions numériques dont ils ont besoin.

 

L'enquête de la Commission européenne sur l'automatisation de la profession comptable laisse-t-elle présager une déréglementation de la profession ?

Je veux être très claire sur ce point : je suis profondément attachée au caractère réglementé de notre profession. Pas seulement parce que cela nous protège, mais aussi parce que c'est un gage de qualité et de confiance pour nos clients.

Ceci dit, à mon sens il n'y a pas aujourd'hui de vrai risque de déréglementation au niveau européen. La problématique des commissaires aux comptes au moment de la loi Pacte n'est pas comparable à celle des experts-comptables aujourd'hui. Nos instances ont des arguments forts pour justifier les spécificités réglementaires françaises, et ce discours est entendu à Bruxelles.

S'il devait y avoir une déréglementation, elle viendrait de la France et pas de l'Europe. Et nous avons le soutien de notre Gouvernement. Très récemment encore, le ministre Griset a redit son attachement à la réglementation de notre profession. Nous ne sommes pour autant pas naïfs, et restons particulièrement vigilants, mais il n'y a pas de risque immédiat.

 

L'ouverture plus large de missions de conseil aux commissaires aux comptes est-elle un nouveau risque pour les experts-comptables ?

Le champ d'activité des commissaires aux comptes n'est pas celui des experts-comptables. Comme beaucoup de cons½urs et de confrères, j'exerce ces deux métiers. En tant qu'expert-comptable, très franchement, mes principaux concurrents ne sont pas les commissaires aux comptes. La zone de risque est plutôt du côté des consultants, très agressifs commercialement. Et en tant que commissaire aux comptes, je connais l'ADN de la profession, et je ne m'aventure pas vers des missions de conseil. Il y a de la place pour les deux professions.

 

Selon plusieurs études, la part de conseil facturé séparément dans le chiffre d'affaires des cabinets continue à stagner. Comment amener les professionnels à se tourner vers ce marché ?

Vendre du conseil à ses clients implique un véritable changement d'état d'esprit. Mais les experts-comptables ne deviendront pas consultants simplement parce qu'on l'a décrété. Pour moi, c'est avant tout une problématique de management. Il faut repenser les équipes, les organisations, accepter d'avoir dans les cabinets des collaborateurs qui ne sont pas totalement chargés pour être disponibles, mettre en place des process clairs, et des modèles de facturation adaptés.

Là encore, il ne peut s'agir d'une simple formation. Le CSOEC doit donner l'impulsion et les moyens financiers pour un accompagnement opérationnel des CROEC, au sein même des cabinets qui le souhaitent.

Par ailleurs, même si tous les cabinets n'ont pas la clientèle pour des missions à haute valeur ajoutée, ils ont tous moyen de diversifier leur activité avec ce type de mission, avec des missions de gestion déléguée notamment.

 

Vous souhaitez « renforcer et clarifier les actions respectives des régions et du national » : quelles missions faut-il réaffecter entre le CSOEC et les CROEC ?

Il ne s'agit pas de déléguer des missions au CROEC ou de modifier le périmètre du CSOEC, mais plus simplement d'institutionnaliser une discussion permanente entre instances, de systématiser le partage de bonnes pratiques.

Il y a trop d'initiatives en régions qui ne sont pas partagées, et trop de décisions du CSOEC qui ne sont pas en phase avec les attentes ou la pratique des CROEC, notamment en matière de communication. Il nous faut parler davantage ensemble des principaux sujets au lieu de travailler chacun de notre côté.

 

Quel regard portez-vous sur la constitution de nouveaux organismes représentatifs des plus gros cabinets, F3P et FCI ? Quelle doit être la relation du CSO avec ces entités ?

Je n'ai pas pour habitude d'opposer les cabinets en fonction de leur taille. Je suis la candidate de tous les cons½urs et confrères, et notre profession s'enrichit de cette diversité. Par ailleurs, personne n'a le monopole du lobbying. Je ne suis pas contre l'apparition de nouveaux porte-paroles de telle ou telle catégorie de la profession. A une condition toutefois : qu'il y ait du dialogue et de la concertation.

Le CSOEC doit écouter le message de ces entités, comme celui de tout expert-comptable, et porter ensuite la voix de la profession dans son ensemble. Ce n'est que comme ça que nous serons plus forts.

 

Le contrôle qualité et les modalités d'application des normes LAB doivent-elles être réformées ?

En tant que profession réglementée, nous avons des droits, avec une prérogative d'exercice, mais aussi des devoirs. En matière de lutte anti-blanchiment, la question est simple : voulons-nous une autorité de contrôle extérieure à notre profession, comme c'est le cas des commissaires aux comptes ? Ma réponse est claire : je m'y oppose fermement. L'évaluation des risques réalisée par le CSOEC peut paraître contraignante, mais elle est nécessaire pour éviter cela.

Il est irresponsable de laisser penser que ces contraintes seraient une lubie du CSOEC imposant à la profession sa propre vision des choses. Si nous ne nous imposons pas ce haut niveau d'exigence, un tiers prendra cette place : nous perdrons le contrôle d'une partie de notre métier et cela aura un coût important pour la profession.

 

Faut-il changer le nom de la profession, comme cela a pu être évoqué dans certaines conférences du 75e Congrès ? 

Il est vrai que nos clients retiennent parfois plus la partie « comptable » que celle d'expert. Mais je crois qu'il nous faut assumer notre titre, qui est aussi porteur de sérieux et de confiance, et travailler notre image pour installer notre marque.

 

Quelle serait le premier dossier que vous défendriez auprès des pouvoirs publics, juste après votre élection ?

Ce sera sans doute la réforme du DEC, car c'est un chantier au long cours, et il n'y a pas de temps à perdre. En matière de lobbying, il me semble tout aussi important de communiquer davantage sur les actions du Conseil supérieur. Toutes les discussions ne peuvent pas être rendues publiques immédiatement, mais on peut faire plus dans ce domaine. Il faudra aussi penser à créer les conditions d'une reprise économique sereine pour la profession dans un univers post-covid.

Programmes

Compta Online vous propose un comparatif des programmes, organisés autour de 5 thématiques. Ces thématiques couvrent l'ensemble des propositions mentionnées dans les programmes des différentes listes ou évoqués lors des interventions des candidats.

 

Julien Catanese Aubier

Julien Catanese Aubier
Diplômé d'expertise comptable, après 7 ans en tant que rédacteur en chef puis directeur de la rédaction Fiscalistes et experts-comptables chez LexisNexis, Julien rejoint l'équipe Compta Online en tant que Directeur éditorial de juin 2020 à octobre 2023.


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