Bonjour à Tous,
Ces quelques mots sont pour vous faire part d'une anomalie qui peut apparaitre lorsqu'on compare le cursus de deux fonctions du conseil :avocat et expert comptable
Je discutais récemment avec un ami avocat qui me disait que suite à une harmonisation européenne, des personnes ayant travaillé 8 années au sein d'un cabinet d'avocat ou d'une structure juridique en entreprise et diposant des diplomes en droit BAC +4 pouvaient prétendre au titre d'avocat par équivalence sans avoir à passer le fameux CAPA (Certificat d'Aptitude à la Profession d'Avocat).
Cette possibilité offertes aux avocats conduit à voir le cursur de l'expertise comptable comme "anachronique" pour deux raisons:
1) le
DECil n'existe pas de telle equivalence dans le cursus puisque quelle que soit l'expérience d'un professionnel travaillant en cabinet d'expertise comptable, il doit faire son stage de 3 ans (après avoir eu son DESCF) et passer le DEC. Personne n'y échappe.
Ainsi, même si leur compétence professionnelle est grande (banquier, directeur financier...), je connais quelques personnes extrémement compétentes qui ont renoncé à évoluer vers l'expertise comptable au milieu de leur carrière professionnel en raison du "retour à la case départ" qui leur était imposé s'ils faisaient un tel choix à savoir: passer le DESCF, faire 3 ans de stage et passer le DEC...(ouf!)
2) les trois années de stage sont comptées uniquement après l'obtention du DESCF
Là aussi je connais pas mal de personnes ayant démarré leur carrière au sein de firmes d'audit et n'ayant passé le DESCF qu'au bout de quelques années dans la mesure où ils possédaient déjà des diplomes prestigieux (ingénieur ou ecole de commerce) suffisants pour leur permettre d'exercer leur profession avec compétence. Leurs années au sein de ces firmes ne sont pas comptabilisés ou bien seulement après avoir passé le DESCF qui est un examen relativement scolaire et parfois éloigné de la réalité professionnelle.
Certes l'argument de dire qu'un expert comptable doit impérativement passer le DEC afin garantir une "compétence certaine" peut être avancé.
...Mais à la réflexion, cet argument ne tient pas longtemps.
En effet,
Le DEC ou le DESCF sont des formations certes exigeantes mais elles ne possèdent pas le monopole des formations exigeantes. Bien d'autres formations apportent une capacité de réflexion et de travail souvent nécessaires aux professionnels du chiffre. Nombre d'ecoles de commerce (de premier rang) ou de troisième cycle universitaire ont d'excellents cours de Finance de Comptabilité ou de Droit
De plus, par expérience j'ai croisé à plusieurs reprises des personnes munies du seul DEC comme formation initiale "souffrir" quand il s'agissait de participer en Anglais à des réunions lors de fusion ou d'acquisition notamment ou d'autres opérations finanières complexes .
Le seul DEC peut apparaitre à bien des égards un peu insuffisant ( problème de l'Anglais qui doit être parfaitement maitrisé, logique financière parfois proche d'une logique mathématique...) Et ainsi ingénieurs, diplomés d'ecole de commerce de premier rang apparaissent parfois mieux armés lorsqu'il s'agit de traiter des opérations complexes.
Pourquoi se priver de ces potentiels pour de futurs experts comptables sous pretexte qu'ils n'ont pas fait un stage de 3 ans et n'ont pas passé le DEC ??
Enfin, la logique des équivalences telle que définie par les normes européennes actuelles qui s'est appliquée récemment aux avocats fait apparaitre complètement anachronique le fait de comptabiliser les années de stage seulement après l'obtention du DESCF !
En conclusion,
je pense que le cursus d'Expert Comptable doit impérativement évoluer en s'ouvrant largement aux équivalences. En effet, les métiers du chiffre sont nombreux, variés et nécessitent souvent des compétences ardues que le seul DEC ne peut pas toujour donner.
Ne pas s'ouvrir à ces équivalence, ce serait condamner l'expert comptable à devenir de plus en plus comptable et de moins en moins expert.