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Exonération des heures supplémentaires : comment la vérifier en paie ?

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Catégorie : Actualité sociale
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Publié le , Modifié le 16/03/2023
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Exonération des heures supplémentaires

Les heures supplémentaires effectuées en 2023 sont exonérées de cotisations salariales d'assurance vieillesse de base et complémentaire dans la limite de 11,31% du salaire.

Les heures supplémentaires effectuées en 2023 sont exonérées de l'impôt sur le revenu dans la limite de 7 500¤ par an. Ce cumul peut être vérifié salarié par salarié à l'aide des documents récapitulatifs fournis par les logiciels de paie.

Pour le salarié, l'exonération des heures supplémentaires est une exonération de cotisations salariales et d'impôt sur le revenu sous conditions. Le calcul de l'exonération des heures supplémentaires est relativement complexe dès lors que le salaire dépasse le plafond de la Sécurité sociale.

La défiscalisation des heures supplémentaires accomplies s'applique aux salariés du secteur privé (hors cadres dirigeants), aux agents de la fonction publique et aux salariés relevant des régimes spéciaux.

Le taux maximum de l'exonération de cotisations sociales salariales est fixé à 11,31% du salaire brut perçu au titre des heures supplémentaires et la contribution sociale généralisée (CSG) est intégralement non déductible.

L'exonération d'impôt sur le revenu est limitée à 7 500¤ par an. Au-delà de ce plafond, le salaire perçu par le salarié est soumis à l'impôt sur le revenu. La CSG redevient partiellement déductible.

L'exonération de cotisations salariales se cumule avec la déduction forfaitaire patronale pour heures supplémentaires fixée à :

  • 1,50¤ par heure supplémentaire effectuée par le salarié, dans les entreprises de moins de 20 salariés ;
  • 0,50¤ par heure supplémentaire effectuée par le salarié, dans celles comprenant de 20 à moins de 250 salariés.

 

Le mécanisme de l'exonération de cotisations salariales

L'exonération est en réalité une réduction de cotisations salariales sur les heures supplémentaires et complémentaires et apparaît comme telle sur le bulletin de paie, au bas des cotisations salariales.

Ce n'est donc pas une exonération totale et son taux dépend du taux moyen de cotisations salariales du salarié.

L'exonération s'applique aux heures supplémentaires réalisées par les salariés à temps plein, aux heures complémentaires des salariés à temps partiel et aux jours de travail supplémentaires des salariés en forfait jours.

Les heures supplémentaires structurelles des salariés qui dépassent les 35 heures pour faire 39 heures par semaine sont également exonérées.

Seules les heures normales des salariés à temps partiel, prévues par le contrat ou par un avenant au contrat de travail ne sont pas concernées.

Pour l'application de la réduction, le gestionnaire de paie doit calculer un taux moyen de cotisations du salarié en tenant compte :

  • des cotisations salariales dues à l'URSSAF ;
  • des cotisations de retraite complémentaire, y compris CET et APEC des cadres.

Un mauvais paramétrage du logiciel de paie ou un paramétrage trop ancien peut empêcher le calcul de la réduction.

Il est donc impératif de vérifier son existence sur le livre de paie annuel ou la fiche individuelle des salariés. Il en va de même de la CSG non déductible sur les heures supplémentaires.

 

L'exonération des heures supplémentaires et complémentaires en cas d'absence

En cas d'absence avec ou sans maintien de salaire, le calcul des heures supplémentaires structurelles est modifié.

Les heures supplémentaires structurelles sont les heures supplémentaires des salariés à temps plein dont le contrat de travail prévoit des heures supplémentaires tous les mois. Ce sont essentiellement les salariés à 39 heures par semaine.

En cas d'absence pour maladie, l'employeur pratique une retenue sur salaire, parfois compensée en tout ou partie par un maintien de salaire.

Les heures supplémentaires effectuées par le salarié restent alors exonérées de cotisations sociales salariales et d'impôt sur le revenu sous conditions.

En cas de maintien de salaire total, les heures supplémentaires sont réputées effectuées et exonérées dans les conditions habituelles.

En cas de maintien de salaire partiel, les heures supplémentaires sont prises en compte dans les mêmes conditions que pour la réduction générale de cotisations patronales, soit selon le ratio entre le salaire versé après déduction de l'absence et celui qui aurait été versé si le salarié n'avait pas été absent.

Exemple

Un salarié absent touche un total de 1 200¤ après maintien partiel de salaire. S'il n'avait pas été absent, son salaire aurait été fixé à 1 900¤.

Le coefficient d'absence à appliquer aux heures supplémentaires devient 1 200 / 1 900 = 0,6316.

Le salaire brut des heures supplémentaires sera multiplié par ce coefficient d'absence pour obtenir le montant exonéré de cotisations salariales, auquel s'appliquera le taux d'exonération.

 

Exonération des heures supplémentaires et repos compensateur

Lorsque les heures supplémentaires sont intégralement compensées par un repos compensateur équivalent, en vertu d'un accord de réduction du temps de travail (RTT), elles ne sont pas exonérées de cotisations salariales.

Seules les compensations financières peuvent faire l'objet d'une exonération.

L'exonération des heures supplémentaires ne s'applique donc qu'en cas de versement d'un salaire au titre de ces heures supplémentaires.

Le placement des heures supplémentaires sur un compte épargne-temps pour monétisation ultérieure ne modifie pas la règle.

 

Le calcul de la CSG et de la CRDS sur les heures supplémentaires exonérées

Dès lors que les heures supplémentaires font l'objet d'une réduction de cotisations salariales, la CSG est intégralement non déductible de l'impôt sur le revenu.

L'augmentation du salaire net à payer du salarié et la diminution de l'impôt sur le revenu sont en partie compensées par la CSG non déductible. Le salarié reste toutefois très largement gagnant.

Exemple

Un salarié touche 2 000¤ au titre des heures supplémentaires.

L'assiette de la CSG se calcule de la manière suivante :

2 000 x 0,9825 = 1 965¤

1 965 x 9,7% = 190,61¤ de CSG CRDS non déductible

Tant que le salarié n'atteint pas 4 plafonds annuels de Sécurité sociale, l'abattement de 1,75% s'applique.

Ce n'est que lorsque l'assiette des heures supplémentaires et complémentaires, majoration incluse, dépasse le montant net fiscal de 7 500¤ que le complément ne bénéficie plus de la réduction et que la CSG redevient déductible de l'impôt sur le revenu à hauteur de 6,8%.

 

L'exonération d'impôt sur le revenu jusqu'à 7 500¤ annuels

Le texte prévoit une exonération d'impôt sur le revenu à hauteur de 7 500¤ net annuels.

En dessous de ce montant, le salaire brut correspondant aux heures supplémentaires est retranché du salaire net imposable du salarié. C'est ce qui justifie sa soumission à CSG CRDS.

Au-delà de ce montant, le salaire correspondant redevient imposable.

 

La déclaration des heures supplémentaires exonérées en DSN

Concernant les autres rubriques de la DSN, le site net-entreprises (fiche 2066 version du 9 juin 2021) rappelle que :

Ainsi, il est nécessaire de veiller à ce que le montant versé au titre des heures supplémentaires ou complémentaires effectuées et défiscalisées soit intégré dans les bases assujetties de types « 02 - Assiette brute plafonnée », « 03 - Assiette brute déplafonnée » et « 04 - Assiette de la contribution sociale généralisée » conformément à l'article L. 241-3 du Code de la Sécurité sociale.

Le montant associé au code « 076 - Cotisation Assurance Vieillesse » (rubrique « Code de cotisation - S21.G00.81.001 ») doit être renseigné brute, sans déduction de la réduction des heures supplémentaires ou complémentaires.

Le montant de la réduction doit être renseigné dans la rubrique « Montant de cotisation - S21.G00.81.004 » d'un bloc « Cotisation individuelle - S21.G00.81 » pour lequel la rubrique « Code de cotisation - S21.G00.81.001 » est renseignée avec la valeur « 114 – Montant de réduction des heures supplémentaires / complémentaires ».

À compter de la version de norme P24V01 (janvier 2024), les montants versés au titre des heures supplémentaires exonérées n'intègrent plus la rémunération nette fiscale (RNF) renseignée en rubrique « Rémunération nette fiscale - S21.G00.50.002 » contrairement aux modalités déclaratives en vigueur antérieurement.

En conséquence, les heures supplémentaires exonérées (HSE) ne sont plus intégrées au Montant Net Versé (MNV) à partir de cette version de norme. En effet, le MNV doit être calculé à partir de la RNF telle qu'elle est déclarée, c'est-à-dire conformément à sa définition fiscale, sans intégration des HSE.

Cette non-intégration des HSE dans la RNF concerne aussi bien les heures constatées et payées à partir du 1er janvier 2024 que les corrections réalisées en version de norme P24V01 sur des HSE versées en 2023.


Exonération des heures supplémentaires : comment la vérifier en paie ?


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