
Lorsqu'une banque fait faillite quelques jours à peine après avoir publié des comptes annuels certifiés, les regards se tournent forcément vers le commissaire aux comptes.
Dans le cas de la Silicon Valley Bank, c'est le cabinet KPMG qui se voit contraint de se justifier face aux interrogations des parties prenantes.
Les facteurs ayant déclenché la faillite sont postérieurs à la signature du rapport d'audit, selon KPMG
24 février 2023. KPMG signe son rapport d'audit sur les comptes de la Silicon Valley Bank, sans émettre de réserve. A peine deux semaines plus tard, le régulateur américain prend le contrôle de la banque, suite à une ruée bancaire ayant conduit à sa faillite.
Pour le dirigeant de KPMG US, les travaux d'audit ne sont pas en cause :
« En tenant compte de tout ce que nous savons aujourd'hui, nous confirmons les rapports que nous avons émis. [...] Vous avez la responsabilité de prendre en compte tous les faits dont vous avez connaissance jusqu'au jour de l'émission du rapport d'audit. C'est ce que nous avons fait. Par contre vous ne pouvez avoir aucune certitude sur ce qui pourrait se passer après l'émission de ce rapport », Paul Knopp, président de KPMG US, lors d'un événement au NYU Stern Center for Sustainable Business le 14 mars 2023.
Selon le Financial Times[1], les investisseurs s'interrogent toutefois sur l'appréciation de la continuité d'exploitation dans un contexte de dépendance de Silicon Valley Bank au secteur technologique.
15 milliards de dollars de dépréciation sur des obligations à long terme
Par ailleurs, d'après certains analystes, la simple lecture des comptes publiés par la Silicon Valley Bank aurait dû alerter. Les Echos soulignent[2] que les obligations à long terme, évaluées à 91,3 milliards de dollars en valeur historique, atteignaient seulement 76,1 milliards de dollars en valeur de marché :
« Cette perte potentielle latente de 15 milliards représentait 93% des fonds propres, ce qui est énorme et aurait dû alerter les experts », Christophe Nijdam, conseiller pour l'Af2i et ancien analyste banque pendant la crise de 2008.