La capacité d'autofinancement : indicateur essentiel

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Modifié le 18/11/2024
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La capacité d'autofinancement (CAF) est un indicateur tout aussi important que le besoin en fonds de roulement (BFR) pour le chef d'entreprise. Il permet de connaître la trésorerie nette dégagée sur l'exercice comptable par l'entreprise. Elle se calcule par la différence entre les produits encaissables et les charges décaissables.

Qu'est-ce que la capacité d'autofinancement ?

La capacité d'autofinancement est une ressource interne dégagée par l'activité de l'entreprise (son résultat net après retraitement).

L'analyse de la capacité d'autofinancement permet de justifier la capacité de l'entreprise à financer elle-même ses opérations d'investissement ou à aider en partie à ce financement avec les autres sources de financement que sont l'endettement financier et le capital.

Cette notion ne doit pas être confondue notamment avec l'autofinancement qui est la part de la capacité d'autofinancement après déduction des dividendes versés.

Quels éléments retenir pour calculer la capacité d'autofinancement ?

La capacité d'autofinancement est une ressource interne dégagée par l'activité de l'entreprise (son résultat net après retraitement). Le calcul de la capacité d'autofinancement permet d'analyser dans quelle mesure l'entreprise est capable de financer elle-même ses opérations d'investissement par son cycle d'exploitation. Il permet donc aussi d'identifier un financement interne insuffisant devant être complété par d'autres sources telles que l'endettement financier et le capital.

Calcul de la capacité d'autofinancement

Deux méthodes existent pour calculer la capacité d'autofinancement : une méthode basée sur le résultat appelée additive et une méthode basée sur l'excédent brut d'exploitation (EBE) appelée soustractive.

La méthode additive par le résultat

Cette méthode est celle la plus couramment utilisée pour déterminer la capacité d'autofinancement d'une entreprise. Son calcul est présenté dans le tableau ci-dessous.

Le PCG va évoluer à partir des exercices ouverts le 1er janvier 2025 : modification de certains numéros de compte, suppression de la technique du transfert de charges, nouvelle définition du résultat exceptionnel... (règlement 2022-06 de l'ANC). Le calcul ci-dessous est donc présenté accompagné à la fois des comptes utilisés pour les exercices ouverts jusqu'à fin 2024 et des comptes en vigueur à partir de 2025.

Les comptes suivants sont en effet ainsi remplacés :

  • le compte 675 est remplacé par le compte 657 Valeurs comptables des immobilisations incorporelles et corporelles cédées ;
  • le compte 775 est remplacé par le compte 757 Produits des cessions d'immobilisations incorporelles et corporelles ;
  • le compte 777 est remplacé par le compte 747 Quote-part des subventions d'investissement virée au résultat de l'exercice.

Calcul de la CAF par la méthode soustractive Correspondance compte de résultat (n° de compte)

Exercices ouverts jusqu'à fin 2024 : correspondance compte de résultat (n° de compte)

Exercices ouverts à partir du 1er janvier 2025 : correspondance compte de résultat (n° de compte)

Nature

Résultat de l'exercice

12 (Calculé à partir du compte de résultat)

12 (Calculé à partir du compte de résultat)

+

Dotations aux amortissements, dépréciations et provisions 681 + 686 + 687

681 + 686 + 687

681 + 686 + 687

Charges calculées et non décaissables

-

Reprises sur amortissements, dépréciations et provisions

781 + 786 + 787

781 + 786 + 787

Produits calculés et non encaissables

+

Valeur comptable des éléments d'actif cédés

675

657

Charges calculées et non décaissables

-

Produits des cessions d'éléments d'actif immobilisés

775

757

Produits encaissables, mais relatifs au capital physique

-

Quote-part des subventions d'investissement virées au résultat de l'exercice

777

747

Produits calculés et non encaissables - charges calculées non décaissables

=

Capacité d'autofinancement

Trésorerie liée à l'activité à un instant donné.

Les charges calculées et qualifiées de non décaissables concernent tout ce qui a un impact en comptabilité mais pas en trésorerie. Tel est le cas des amortissements, des provisions...

Les produits calculés et qualifiés de non encaissables suivent la même logique c'est-à-dire qu'il s'agit des produits qui n'ont pas d'impact sur la trésorerie mais uniquement en comptabilité. Il y a essentiellement les reprises d'amortissement, les reprises de provisions ou encore la quote-part des subventions virée au résultat.

La méthode soustractive par l'EBE

Cette méthode est la seule recensée dans le plan comptable général. Même si elle est moins utilisée que la méthode additive, elle n'en reste pas moins une autre solution pour déterminer la capacité d'autofinancement.

Comme précédemment, le tableau ci-dessous présente les comptes utilisés jusqu'à fin 2024 ainsi que les évolutions qui entrent en vigueur au 1er janvier 2025.

Calcul de la CAF par la méthode soustractive

Exercices ouverts jusqu'à fin 2024 : correspondance compte de résultat (n° de compte) / SIG

Exercices ouverts à partir du 1er janvier 2025 : correspondance compte de résultat (n° de compte) / SIG

Nature

Excédent brut d'exploitation (ou insuffisance brute d'exploitation)

Calculé à partir du tableau des soldes intermédiaire de gestion (TSIG)

Calculé à partir du tableau des soldes intermédiaires de gestion (TSIG) (sauf 747)

Quote-part de subvention à retraiter à partir de 2025

+

Transferts de charges (d'exploitation)

791

/ (Suppression de la technique du transfert de charges)

Produits encaissables

+

Autres produits (d'exploitation)

75 (sauf 755)

75 (sauf 755 et 757)

Produits encaissables

-

Autres charges (d'exploitation)

65 (sauf 655)

65 (sauf 655 et 657)

Charges décaissables

+/-

Quotes-parts de résultat sur opérations faites en commun

755 – 655

755 – 655

produit encaissable - charge décaissable

+

Produits financiers (a)

76 et 796

76

Produits encaissables (sauf ceux non encaissables)

-

Charges financières (b)

66

66

Charges décaissables (sauf celles non décaissables)

+

Produits exceptionnels (c)

77 (sauf 775, 777) et 797

77

Produits encaissables (sauf ceux non encaissables)

-

Charges exceptionnelles (d)

67 (sauf 675)

67

Charges décaissables (sauf celles non décaissables)

-

Participation des salariés aux résultats

691

691

Charges décaissables

-

Impôts sur les bénéfices

695

695

Charges décaissables

=

Capacité d'autofinancement

Trésorerie liée à l'activité à un instant donné

(a) Sauf reprises sur dépréciations et provisions (786)

(b) Sauf dotations aux amortissements, dépréciations et provisions financiers (686)

(c) Sauf :

  • produits des cessions d'immobilisations (775) (en 2025, ce compte est remplacé par le compte d'exploitation 757) ;
  • quotes-parts des subventions d'investissement virées au résultat de l'exercice (777) (en 2025, ce compte est remplacé par le compte d'exploitation 747) ;
  • reprises sur dépréciations et provisions exceptionnelles (787)

(d) Sauf :

  • valeur comptable des immobilisations cédées (675) (en 2025, ce compte est remplacé par le compte d'exploitation 657) ;
  • dotations aux amortissements, dépréciations et provisions exceptionnels (687).

La différence entre CAF et cash-flow

Si l'on reprend la traduction littérale du cash-flow, ce terme signifie flux de trésorerie, il regroupe les trois catégories de ressources générées par une entreprise : le flux lié à son activité (sa CAF corrigée par le BFR), le flux de trésorerie généré via ses opérations d'investissement et de désinvestissement et enfin le flux lié à sa politique de financement.

La capacité d'autofinancement quant à elle ne représente qu'une seule partie de la trésorerie globale, celle liée à l'activité de l'entreprise.

Le lien entre le cash-flow et la capacité d'autofinancement ?

Pour avoir le cash-flow lié à l'activité, il faut retraiter la CAF par la variation du besoin en fonds de roulement. Ainsi, le décalage de trésorerie entre les encaissements et les décaissements est pris en compte dans le cash-flow. Ce qui n'est pas le cas dans la capacité d'autofinancement !

La différence entre CAF et autofinancement

L'autofinancement est déterminé à partir de la capacité d'autofinancement. Il suffit d'y retraiter le versement des dividendes de l'exercice pour arriver à l'autofinancement.

Par autofinancement, il faut comprendre l'aptitude d'une entreprise à se financer grâce à ses capitaux propres. Ces mêmes capitaux propres qui peuvent être distribués aux associés ou actionnaires.

Quelques ratios en lien avec la capacité d'autofinancement

Une fois le calcul de la CAF réalisé, il est important de faire le lien avec d'autres éléments. C'est pour cette raison que quelques ratios complémentaires peuvent être calculés pour une meilleure compréhension.

La rentabilité de l'activité

La rentabilité de l'activité =

Capacité d'autofinancement
______________

Chiffre d'affaires


Ce ratio permet de connaître combien l'entreprise arrive à dégager de capacité d'autofinancement par rapport au chiffre d'affaires.

La capacité d'endettement

La capacité d'endettement =

Dettes financières
______________

Capacité d'autofinancement

En règle générale, les établissements bancaires estiment que ce ratio doit être au plus de 3 voire 4. Au-delà, c'est que l'entreprise a un trop lourd endettement pour avoir recours à un nouveau financement.

Il est important de bien suivre ce ratio au niveau de son évolution au fil des années.

La capacité de remboursement

La capacité de remboursement =

Remboursement d'emprunts
______________

Capacité d'autofinancement

Ce ratio permet de connaître la capacité d'une entreprise à rembourser ses emprunts. La valeur doit être inférieure à 50%. Au-delà, c'est que l'entreprise a trop d'endettement.

Quel intérêt de comprendre la capacité d'autofinancement ?

Une capacité d'autofinancement positive permet de faire face à des investissements à venir sans avoir recours à des financements externes (prêt bancaire, apport des associés...). Cela signifie une indépendance vis-à-vis de certaines parties prenantes (banquier, associés...) en investissant librement et sans surcoût pour l'entreprise (intérêts financiers).

La capacité d'autofinancement doit être rapportée aux besoins de l'entreprise. Il s'agit d'avoir un résultat suffisamment important pour supporter les dividendes versés, les acquisitions en autofinancement et le capital amorti sur les emprunts en place.

Ce ratio a donc toute sa place dans l'analyse financière d'une entreprise et ne doit pas être négligé par le dirigeant ou l'expert-comptable.


Frédéric Rocci
Fondateur de Compta Online, média communautaire 100% digital destiné aux professions du Chiffre depuis 2003.
Je suis avant tout un entrepreneur. Je cotoie et j'observe la profession comptable depuis plus de 20 ans. Rédacteur à mes heures perdues, j'affectionne plus particulièrement les sujets qui traitent des nouvelles technologies et du digital.
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