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Dans la galaxie des métiers de la finance - qui tiennent leur Salon annuel Profinance les 5 et 6 février au Palais Brongniart, en partenariat avec Le Monde -, les grandes entreprises offrent d'importantes opportunités de carrière aux jeunes diplômés que tenterait moins le milieu des banques, des assurances et des marchés financiers. Plusieurs filières existent pour entrer et progresser, jusqu'à la position de directeur administratif et financier (DAF), ou de directeur financier. Dans les grandes entreprises, la voie royale est, traditionnellement, l'enchaînement entre un diplôme de grande école de gestion, un passage plus ou moins long dans l'un des quatre cabinets d'audit internationaux, avant d'obtenir un poste hiérarchique au sein de la direction financière, du contrôle de gestion ou de la trésorerie. Après quoi, la compétition interne permettra, ou pas, d'accéder au sommet de cette fonction, avec toutefois la forte probabilité d'être "coiffé au poteau" par un cadre supérieur issu des filières de reproduction habituelles de l'élite dirigeante française : un polytechnicien ou un énarque passé par un grand corps d'Etat et, de préférence, un cabinet ministériel, venu pantoufler au sommet d'une grande entreprise. "D'autant que la fonction de directeur financier, autrefois perçue comme plutôt technique, tend à devenir un marchepied décisif pour l'accès à la tête des plus grandes entreprises, tant la stratégie de ces dernières s'est orientée vers des opérations de fusions, d'acquisitions, d'alliances, dont la composante financière est essentielle", observe Luc Monteret, président de l'institut Experts-comptables en entreprise (ECE) et de l'Union des diplômés d'expertise comptable en entreprise. "Pourtant, une autre voie d'accès aux sommets de la fonction financière prend de l'ampleur depuis deux à trois ans", affirme Thierry Carlier-Lacour, directeur associé du cabinet de recrutement Humblot-Grant Alexander, celle de l'expertise comptable. "Il y a encore sept ou huit ans, la part des DAF des entreprises du SBF 120 (indice qui regroupe les plus grandes entreprises françaises cotées en bourse) titulaires du diplôme d'expertise comptable ne dépassait pas 5 % à 6 %, elle a plus que doublé aujourd'hui", observe-t-il. Dernier exemple en date, le nouveau directeur financier du groupe pharmaceutique Sanofi-Pasteur. Luc Monteret tempère toutefois cet enthousiasme en notant que la plupart des diplômés de grandes écoles passant par un grand cabinet d'audit obtiennent, à un moment ou à un autre de leur progression de carrière, le diplôme d'expert-comptable. Il note cependant que, depuis quelque temps, les annonces de recrutement mettent explicitement en avant l'exigence du diplôme d'expert-comptable, et que ce "sésame" est de plus en plus avancé par les candidats dans les entretiens d'embauche. Surtout, cette nouvelle orientation de la demande des entreprises se traduit par une envolée des rémunérations offertes aux diplômés d'expertise comptable dotés de trois années d'expérience, dont la fourchette est passée, selon Thierry Carlier-Lacour, de 53 000-55 000 euros brut annuels en 2002 à 59 000-60 000 euros en 2006, alors que celle de leurs homologues entrant dans la même fonction, mais sans ce diplôme, se situe entre 50 000 et 55 000 euros. Résultat, les experts-comptables ayant commencé leur carrière en libéral ou comme salariés de cabinets indépendants n'attendent plus les cinq ou six années qui étaient de rigueur dans la profession avant de se décider à franchir le pas d'une candidature auprès d'une entreprise : ils le font de plus en plus tôt. Pourquoi cet engouement ? Parce que l'évolution incessante de la réglementation (loi Sarbanes-Oxley aux Etats-Unis, loi de sécurité financière en France, nouvelles normes comptables internationales IFRS) impose une technicité accrue que la formation généraliste des diplômés des "business schools", même frottés aux joies de l'audit, n'aborde pas suffisamment, contrairement à la formation d'expert-comptable, qui comprend d'importants volets fiscaux, juridiques, et même de droit social. "Surtout, ajoute Luc Monteret, l'expert-comptable expérimenté a vécu des deux côtés du miroir, alors que les jeunes entrés directement en entreprise ne connaissent que le point de vue de celle-ci", ce qui conduit parfois à une moindre rigueur déontologique et juridique, au moment où l'exigence de "compliance" (mot anglais désignant la "conformité" aux règles, mais aussi à la "soft law", aux règles implicites) devient de plus en plus forte. Les entreprises considèrent de plus en plus que mettre un expert-comptable face aux auditeurs, aux commissaires aux comptes, à l'administration fiscale constitue une garantie, voire "un achat de virginité", selon l'expression de Thierry Carlier-Lacour. Le défaut de la formation des experts-comptables demeurait cependant le manque d'ouverture internationale, qui faisait pencher nettement la balance du côté des grandes écoles. Mais l'amélioration de la formation, particulièrement la systématisation de l'anglais, aurait, ces dernières années, atténué ce différentiel. Même la fonction de directeur financier ne serait plus hors de portée d'un expert-comptable gravissant patiemment tous les échelons de la hiérarchie, note un chasseur de têtes bon connaisseur du CAC 40 : "Depuis que les DAF sont devenus des tremplins pour arriver à la tête des grands groupes, les présidents en place se méfient des ambitieux qui souhaitent venir occuper cette fonction : ils peuvent préférer y nommer un technicien dont les ambitions, plus modestes, seront comblées par un tel poste !" Antoine Reverchon |
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