Alors que Macompta.fr a lancé début 2024 une offre spécifiquement dédiée aux cabinets d'expertise comptable, l'éditeur français indépendant, historiquement positionné sur la TPE, franchit une nouvelle étape. L'arrivée de Sylvain Badina, expert-comptable de métier, à la direction produit, et la nomination de Thibault Heurtier au poste de Directeur Commercial Grands Comptes illustrent cette volonté de structurer une stratégie ambitieuse pour les professionnels du chiffre. Thibault nous en dit plus.
Pouvez-vous rappeler l'ADN de Macompta.fr et son positionnement historique ?
Macompta.fr est un éditeur français 100% indépendant, créé en 2007, avec une forte spécialisation sur les TPE, c'est-à-dire les structures de moins de 10 salariés. Nous avons toujours eu cette volonté de proposer une solution simple, intuitive, adaptée aux besoins réels de ces petites structures.
Aujourd'hui, nous comptons environ 100 000 clients depuis notre création. En termes de croissance, nous enregistrons une progression moyenne de 30% par an depuis une dizaine d'années. Et côté effectifs, on est passés de deux personnes au démarrage à une soixantaine aujourd'hui.
L'introduction en bourse de mars 2024 a marqué une étape importante. Quels étaient vos objectifs ?
L'introduction en bourse avait plusieurs objectifs. D'abord, renforcer notre notoriété, notamment auprès de structures un peu plus importantes. Ensuite, mobiliser davantage les équipes via l'actionnariat salarié. Et enfin, nous permettre d'ouvrir de nouvelles perspectives de croissance.
Cela nous a aussi conduits à formaliser davantage notre stratégie. On a réalisé qu'il fallait structurer une offre dédiée aux experts-comptables, qui gravitent autour de nous depuis des années mais pour lesquels nous n'avions pas encore de réponse spécifique.
Vous avez lancé début 2024 une offre dédiée aux cabinets. Quels sont ses principaux éléments ?
On a commencé par le socle : une interface pensée pour les experts-comptables, qui permet de créer des dossiers, ajouter des collaborateurs, gérer les droits d'accès pour les clients finaux...
Deux formules tarifaires sont proposées :
- une première à 5¤ par mois par dossier, qui inclut tous nos logiciels (comptabilité, facturation, gestion des immobilisations, déclarations EDI, note de frais...) sauf la paye ;
- et une seconde à 9¤ par mois par dossier, qui inclut en plus la gestion de la paye, avec un coût de 3,75¤ par bulletin validé.
C'est une tarification claire, pensée pour répondre aux besoins des cabinets, sans mauvaise surprise.
L'arrivée de Sylvain Badina, expert-comptable, s'inscrit-elle dans cette dynamique ?
Complètement. Sylvain Badina, expert-comptable en région lyonnaise, nous accompagne depuis longtemps. Il a d'abord mené un audit complet de notre solution, en analysant aussi d'autres outils du marché, pour identifier les fonctionnalités manquantes et les attentes spécifiques des cabinets.
Il a ensuite rejoint l'équipe à la direction produit. Il est en train de céder son cabinet pour se consacrer à temps plein à cette mission. Sa connaissance du métier est un atout précieux pour faire évoluer la solution dans le bon sens.
Et votre nomination à la direction commerciale Grands Comptes, qu'est-ce que cela change ?
Elle répond à un besoin d'organisation. Jusqu'ici, j'étais directeur commercial pour l'ensemble de Macompta.fr. Mais avec le développement de l'offre cabinets, il fallait une direction commerciale à part entière, capable de se concentrer à 100% sur ce marché.
C'est un marché spécifique, qui demande une stratégie dédiée. Aujourd'hui, notre force, c'est le collaboratif : notre outil permet un travail en commun fluide entre le cabinet et ses clients TPE, pour lesquels notre solution est historiquement conçue. Et demain, on vise aussi l'outil de production.
Sur la facturation électronique, où en êtes-vous dans le processus de candidature PDP ?
Nous sommes toujours pleinement engagés sur le sujet. Nous sommes en cours de certification de la norme ISO27001 (audit prévu début juin), ce qui est une étape importante. Nous sommes candidats pour devenir Plateforme de Dématérialisation Partenaire (PDP), que ce soit pour proposer une solution complète à nos clients ou bien pour proposer un abonnement plateforme seul, sans obligation d'utiliser notre outil de facturation.
Et sur l'intelligence artificielle, quels sont vos cas d'usage ?
Nous avons constitué une équipe spécialisée dans l'IA, pilotée par notre direction IT, et que nous continuons à faire grandir. Cette équipe réunit des profils techniques et métier pour faire évoluer Rico, notre assistant IA, au plus proche des besoins de nos utilisateurs.
Notre objectif : proposer un véritable copilote pour nos utilisateurs, en intégrant l'IA dans des cas d'usage concrets qui simplifient le quotidien, automatisent les tâches répétitives et recentrent les professionnels sur leur c½ur de métier.
Nous veillons à ce que ces innovations restent au service de l'expert-comptable, sans jamais le remplacer. Nous travaillons aussi sur des fonctionnalités d'IA générative plus avancées, mais toujours avec une approche responsable et centrée utilisateur.
À l'approche du Congrès de l'Ordre 2025, quelles fonctionnalités allez-vous livrer ?
Notre ambition est claire, proposer aux cabinets d'expertise comptable un outil collaboratif complet, qui intègre les fonctionnalités indispensables pour gagner en productivité et ainsi valoriser le conseil auprès de leurs clients. Le tout, sans renier notre ADN, à savoir une solution de gestion conçue pour répondre aux besoins concrets des TPE.
Pour y parvenir, nous avons pris des engagements de développement d'ici au Congrès 2025, avec une série de livrables prioritaires :
- EBICS : pour permettre une intégration bancaire avancée via mandat tripartite, adaptée aux pratiques des cabinets, et qui vient en complément de la norme DSP2 que nous proposons depuis de nombreuses années ;
- OCR de masse : pour automatiser l'intégration des factures et notes de frais, préparer l'arrivée de la facture électronique et faciliter les traitements en volume ;
- un outil de gestion de budget, pour permettre aux cabinets d'accompagner leur client avec un suivi budgétaire en temps réel ;
- un module de gestion commerciale incluant le suivi de l'activité des commerciaux, la gestion des abonnements et la facturation associée.
Et après le congrès ?
À moyen terme, notre roadmap prévoit l'ajout de fonctionnalités clés pour accompagner les cabinets dans la structuration de leurs missions et améliorer leur efficacité :
- une vue « expert-comptable » avec suivi d'avancement du dossier, balance révisable, détail des comptes, visa ;
- un dossier de révision : éléments essentiels pour le suivi des missions et la documentation des travaux réalisés ;
- la ventilation automatique des charges mixtes ;
- la gestion des emprunts ;
- l'amélioration des imputations automatiques avec une personnalisation très fine pour s'adapter aux besoins des cabinets ;
- un outil de virement fournisseurs et prélèvements clients, pour permettre à l'expert comptable de développer des missions de full service.
Ces évolutions traduisent notre volonté de rester fidèles à notre positionnement TPE, tout en offrant aux cabinets un environnement de travail robuste, complet, et taillé pour leurs enjeux quotidiens comme pour leurs ambitions de conseil.
Quel regard portez-vous sur l'arrivée des banques sur le sujet de la facture électronique ?
On a le sentiment que les banques veulent un peu tout faire : banquier, assureur, éditeur... bientôt comptable ? Inversement des éditeurs vont sur le métier de banquier en proposant des cartes bancaires.
Ce n'est pas notre philosophie. A chacun son métier et les vaches seront bien gardées !
Pour bien fonctionner la facturation électronique devra être parfaitement intégrée avec les autres processus de l'entreprise : facturation, comptabilité, déclarations fiscales. Afin que les traitements soient fluides et avec peu d'anomalies. Je ne pense pas que les banquiers soient les les mieux placés pour ce chantier.
Un dernier mot ?
Le défi est important. Il y a sur le marché des éditeurs présents depuis longtemps. Mais aujourd'hui, notre stratégie est claire, structurée, et au c½ur de notre projet d'entreprise. On avance vite, et les cabinets devraient voir arriver beaucoup de nouveautés dès l'exercice 2025-2026.