Philippe Vincent, candidat IFEC à la présidence de la CNCC : « Nous souhaitons défendre tous les professionnels »

Article écrit par (130 articles)
Modifié le
980 lectures
Dossier lu 3 466 fois

Candidat IFEC à la présidence de la CNCC (tête de liste EIP), Philippe Vincent expose son projet pour la profession des commissaires aux comptes.

Quel est votre parcours professionnel ?

J'ai toujours ce préambule de rappeler que je suis un Lyonnais qui est venu à Paris. J'ai débuté ma carrière dans l'expertise comptable à Oyonnax dans le Jura. Immédiatement, j'ai accroché à ce métier en raison de l'aspect tiers de confiance que l'on a vis-à-vis du chef d'entreprise. Sauf qu'à cette époque, dans les années 93-94, ce n'était pas la meilleure période du point de vue de l'emploi. Je suis donc monté à Paris pour obtenir de meilleures chances. Je suis entré dans un cabinet et y ai fait finalement toute ma carrière, jusqu'à la cooptation comme associé chez PwC.

C'est un parcours plutôt au service des clients grands comptes. Je ne le nie pas et je l'assume. En même temps, j'ai eu l'occasion à Oyonnax de travailler dans un bureau très modeste. C'est une autre manière d'exercer, qui m'a permis de développer très tôt un attachement à la profession. Ainsi, je me suis impliqué à la fois syndicalement au sein de l'IFEC et sur le plan institutionnel à la Compagnie régionale des commissaires aux comptes.

Aujourd'hui, ce qui me fait vivre, ce qui m'épanouit, c'est réellement de partager mon expérience avec d'autres professionnels et conjointement de m'enrichir de leur vécu. C'est pourquoi je suis très attaché à la diversité des modes d'exercice.

Quel regard portez-vous sur l'action de la CNCC des quatre dernières années ?

Je rappelle tout d'abord que lorsque nous avons pris cette mandature il y a quatre ans, nous étions dans une situation extrêmement complexe avec la loi Pacte. Un certain nombre de confrères avaient perdu une grande part de leur activité et notre utilité même était remise en cause.

Face à cela, avec Yannick Ollivier, nous avons passé du temps à bien redéfinir ce que nous étions, car il fallait adresser un message clair aux pouvoirs publics et aux entreprises concernant notre valeur ajoutée. Ce travail de réflexion a été fondamental pour toute la mandature. Nous avons souhaité nous repositionner comme des acteurs de la chaîne de confiance, des professionnels qui, par leur savoir-faire et leur déontologie, ont la capacité d'apporter de la confiance aux entreprises.

Cela nous a permis de reconstruire tout un discours et de rétablir le dialogue avec nos parties prenantes, à commencer par les entreprises clientes. Nous avons retissé du lien avec celles-ci. C'est ainsi que tout récemment, lorsque le sujet du relèvement des seuils d'audit est revenu sur la table, nous avons trouvé cette fois des alliés très forts dans le Medef, la CPME et l'U2P. Cela montre que notre travail de repositionnement des quatre dernières années a porté ses fruits. C'est aussi une indication pour l'avenir. Ce lien devra être maintenu et même renforcé, notamment à l'aune de la durabilité qui est le nouveau sujet de préoccupation des entreprises. Nous ne devons pas apparaître comme des porteurs de mauvaises nouvelles mais comme des facilitateurs qui accompagnent les structures face aux nouvelles réglementations.

Ce travail de repositionnement a également permis de retourner vers les pouvoirs publics avec une autre proposition de valeur. L'auditeur légal a ainsi été remis au centre de la chaîne de confiance sur la durabilité à travers la directive CSRD. C'est une belle victoire à laquelle tous les confrères ont participé !

Quels sont les principaux axes de votre campagne ?

Je souhaite m'inscrire dans la continuité de ce qui a été réalisé lors de la dernière mandature et même en renforcement de certaines actions.

Le plus important est de consolider notre stratégie d'influence. De ce point de vue, je le dis clairement : nous souhaitons défendre tous les professionnels, sans nullement favoriser les grands cabinets. Par ailleurs, nous ne devons pas laisser les sujets européens aux mains de pouvoirs supranationaux. Chaque institution doit jouer son rôle et nous avons tenu le nôtre en allant à la rencontre de la Commission européenne. Celle-ci a un regard positif sur la profession et continue de nous ouvrir des portes dans notre domaine d'expertise qui est celui de la confiance. La même stratégie d'influence doit être approfondie à l'égard de notre écosystème.

Un autre point fondamental est notre positionnement auprès des petites entreprises. C'est un enjeu majeur pour nous. Ce qui fait la richesse de notre profession est notamment cette capacité d'accompagner les structures dès la création et les premiers stades de développement. Un travail doit donc être accompli pour que nous soyons plus à même de répondre aux besoins de ces organisations. Je me suis fixé comme priorité de refondre la norme d'exercice professionnel pour les petites entreprises afin de permettre une plus grande progressivité de nos travaux auprès de ces entités.

La technologie est également un enjeu central pour la profession, et peut-être davantage pour les plus petits cabinets qui ne doivent pas rater le virage du numérique. Nous devons notamment être capables d'aborder le sujet avec nos clients et de leur proposer des services, par exemple en matière de cybersécurité. Mais c'est aussi savoir utiliser la technologie pour les besoins propres des cabinets. Dans cette perspective, les prochaines Assises de la CNCC proposeront un focus sur l'intelligence artificielle.

Un dernier mot pour convaincre les commissaires aux comptes de vous faire confiance ?

Certes je suis un candidat issu d'un grand cabinet mais je ne compte pas pour autant privilégier les grandes structures. La question des seuils d'audit, notamment, est un véritable sujet pour moi. J'en ai fait la démonstration au sein de la CRCC de Versailles et du Centre que je préside. J'ai fait en sorte en effet que tous les modes d'exercice y soient représentés. Ainsi je souhaite que les cons½urs et les confrères aient confiance en ma capacité de travailler pour tous et avec tout le monde. Je ne suis pas là pour défendre des intérêts catégoriels.

Téléchargez le programme pour les élections CNCC 2024 « Pour une mandature à votre service »


Hugues Robert
Rédacteur en chef de Compta Online, média communautaire 100%digital destiné aux professions du Chiffre depuis 2003.
Directeur de la rédaction adjoint du Monde du Chiffre et duMonde du Droit, journaliste Décideurs TV, puis rédacteur en chef de DafMagazine, je rejoins ensuite l'équipe Compta Online en septembre 2024.
Suivez-moi sur Linkedin et sur Twitter.