L'obligation est un titre négociable qui représente une portion d'un emprunt émis par une entreprise. L'émission d'obligations est un type de financement par lequel plusieurs investisseurs deviennent créanciers de la société émettrice. Il s'agit donc d'une opération de prêt à long terme, dont les caractéristiques sont bien distinctes de celles d'un prêt bancaire.
Pour la société émettrice, il s'agit d'un moyen alternatif de lever des fonds par rapport à un emprunt bancaire ou à une augmentation de capital. L'emprunt obligataire est comptabilisé dans le compte 163 Autres emprunts obligataires.
Fonds propres et quasi-fonds propres : quelle différence ?
Les quasi-fonds propres sont des instruments financiers intermédiaires entre fonds propres et dettes, car ils combinent des caractéristiques de ces deux rubriques. Les apports en compte courant d'associé, l'obligation convertible en action et le prêt participatif (prêt assimilé à des fonds propres) sont considérés comme des quasi-fonds propres. La comptabilisation des quasi-fonds propres se fait au passif dans des comptes différents selon la nature de l'instrument.
Quelques caractéristiques du financement par émission d'obligations
Une entité (entreprise, collectivité ou État) qui souhaite lever des fonds peut recourir à l'emprunt obligataire et émettre des titres obligataires, cotés ou non cotés. Les investisseurs qui achètent ces titres deviennent créanciers de l'entité. Ils seront remboursés à l'échéance convenue et perçoivent en général des intérêts annuels fixes ou variables (qu'on appelle des coupons).
La valeur nominale de l'obligation désigne le montant de l'emprunt qui sert de référence pour calculer les intérêts. Le prix d'émission peut être différent de la valeur nominale, la différence entre ces deux valeurs constitue la prime d'émission. Le prix de remboursement peut être égal ou supérieur au prix d'émission. Il génère une prime de remboursement s'il est supérieur à la valeur nominale.
L'émission d'obligations est réservée aux sociétés par actions (SA, SCA...) qui ont clos au moins deux exercices comptables et dont le capital est entièrement libéré, et aux SARL sous conditions, notamment de taille.
La distinction entre obligation et action : pas de droit de propriété pour les créanciers
Les obligations ne doivent pas être confondues avec les actions ou parts sociales. Les titres obligataires ne donnent droit ni à voter lors des assemblées générales ni à percevoir des dividendes, contrairement aux actions. L'achat d'actions confère à l'investisseur la qualité d'actionnaire, c'est-à-dire de propriétaire d'une part de l'entreprise. Ce n'est pas le cas pour le créancier obligataire.
L'émission d'obligations présente ainsi un avantage non négligeable : l'absence de prise de participation et de dilution du capital. Elle permet à la société d'obtenir les fonds nécessaires à son développement sans impacter la répartition du pouvoir entre ses actionnaires.
Les différents types d'obligations : coupon fixe, variable ou convertible en action
Plusieurs catégories d'obligations peuvent être distinguées, en particulier en fonction du type de coupon (on rappelle qu'il s'agit des intérêts versés) ou de modalités particulières de remboursement :
- les obligations classiques qui donnent droit au versement d'un intérêt qui peut être fixe (obligations à taux fixe) ou variable (obligations à taux variable) ;
- les obligations à coupon zéro qui ne donnent pas droit au versement d'un coupon (pour rester attractives aux yeux des investisseurs, elles sont en général émises à une valeur fortement inférieure à la valeur nominale afin de générer une importante prime d'émission) ;
- les obligations à coupon unique qui donnent droit à un seul coupon versé à l'échéance ;
- les obligations convertibles en actions qui accordent aux créanciers la possibilité de les échanger contre des actions de l'entreprise émettrice, permettant ainsi à cette dernière de renforcer ses fonds propres.
Le remboursement peut se faire in fine, par amortissement constant ou par annuité constante.
La comptabilisation d'un emprunt obligataire sans prime
Nous nous plaçons ici dans le cas où l'émission d'obligations se fait « au pair » : les obligations sont émises à leur valeur nominale.
Lors d'une émission au pair, l'émission est comptabilisée au passif du bilan dans le compte 163 Autres emprunts obligataires :
Numéro de compte | Numéro de compte | Montant | ||
Débit | Crédit | Débit | Crédit | |
473 |
| Compte d'attente – obligations | 500000¤ |
|
| 163 | Autres emprunts obligataires |
| 500000¤ |
Numéro de compte | Libération des titres | Montant | ||
Débit | Crédit | Débit | Crédit | |
512 |
| Banque | 500000¤ |
|
| 467 | Divers comptes débiteurs et produits à recevoir |
| 500000¤ |
Numéro de compte | Clôture de l'exercice | Montant | ||
Débit | Crédit | Débit | Crédit | |
467 |
| Divers comptes débiteurs et produits à recevoir | 500000¤ |
|
| 473 | Compte d'attente – obligations |
| 500000¤ |
La comptabilisation d'un emprunt obligataire avec prime d'émission
Les obligations peuvent également être émises au-dessous du pair, pour un prix d'émission inférieur à la valeur nominale.
Exemple
L'entreprise souhaite obtenir un prêt par le biais d'un emprunt obligataire. Elle émet des obligations pour un prix d'émission unitaire de 98. Leur valeur nominale est de 100. Dans ce cas, l'entreprise a une dette de 100 envers ses créanciers. Elle va toutefois réellement percevoir 98 en banque. La prime d'émission est égale à la différence, soit 2.
Si l'emprunt obligataire est assorti d'une prime d'émission, il est comptabilisé pour sa valeur totale (prime comprise) au crédit du compte 163. Le montant de la prime d'émission est comptabilisé à l'actif au débit du compte 169 Primes de remboursement des emprunts.
Les primes doivent faire l'objet d'un amortissement sur la durée de l'emprunt obligataire, soit par fraction égale, soit au prorata des intérêts courus. L'amortissement est comptabilisé au débit du compte 6861 Dotations aux amortissements des primes de remboursement des emprunts par le crédit du compte 169.
Les obligations à coupon zéro sont un cas particulier qui peut être traité de deux manières en comptabilité, soit en comptabilisant la prime d'émission en 169 et en l'amortissant, soit en assimilant la prime d'émission à des intérêts capitalisés avec la comptabilisation à chaque clôture d'intérêts courus.
Quelle est la différence entre fonds propres et capitaux propres ?
La définition de fonds propres est plus large que celle de capitaux propres. Les capitaux propres sont constitués des éléments de passif suivants : le capital social, les réserves, les reports à nouveau, les primes d'émission, les subventions d'investissement, les résultats de l'exercice, les provisions réglementées.
Les fonds propres sont composés des capitaux propres, mais également de la rubrique des autres fonds propres que l'on trouve au passif entre les capitaux propres et les provisions.
Au sommaire du dossier
- Financement des PME
- Les fonds propres : l'augmentation de capital
- Les fonds propres : l'introduction en bourse
- Les fonds propres : le capital-investissement
- Crowdfunding : les règles du financement participatif en 2025
- Les quasi-fonds propres : les obligations
- Les quasi-fonds propres : les prêts participatifs
- Le recours au crédit
- L'externalisation des créances
- Financement des PME : aspects fiscaux - versement de subventions
- Financement des PME : aspects fiscaux et augmentation de capital
- Financement des PME : Aspects fiscaux - les prets