Le contrôle des bulletins de salaire est une tâche bien connue des gestionnaires de paie. Effectuée tous les mois, trimestres, en fin d'année ou dans le cadre d'un audit de paie dédié, il s'agit de calculer les cotisations et contributions sociales au plus juste.
Effectué avant la fin de l'année et la dernière DSN, le contrôle du bulletin de paie peut concerner les rémunérations et avantages des salariés, la réduction générale de cotisations patronales ou réduction Fillon ou encore le calcul de certaines cotisations patronales.
C'est aussi l'occasion de vérifier que le plafond de Sécurité sociale a été correctement calculé.
Faire des paies tous les mois nécessite aussi d'en vérifier la conformité par rapport au droit du travail et de la Sécurité sociale.
Si ces contrôles ne sont pas effectués tous les mois ou trimestres, il est d'autant plus important de faire au moins un contrôle annuel. Certains cabinets les font déjà avant chaque DSN.
L'objectif est de corriger rapidement les erreurs éventuelles et d'anticiper un potentiel contrôle de l'URSSAF (vérification de fiche de paie).
Un arrêté du 25 juin 2024 met à jour l'arrêté du 25 février 2016 qui fixe les informations sur les bulletins de paie, pour préciser que le « Montant net social » correspond à une valeur définie dans le Code du travail.
De plus, la possibilité d'utiliser le modèle de bulletin de paie « adapté » prévue par l'arrêté du 31 janvier 2023 est prolongée d'un an, jusqu'au 1er janvier 2026.
Pourquoi faire un contrôle des bulletins de paie ?
Plusieurs raisons peuvent expliquer une différence entre les cotisations payées et les cotisations dues. En voici quelques exemples :
- une paie a été ajoutée ou modifiée après le paiement des cotisations sociales (et parfois même après l'envoi de la DSN) ;
- le profil du salarié a été mal paramétré (exemple : l'assurance chômage apparaît sur la paie d'un dirigeant) ;
- des éléments ont été oubliés : congés payés, avantages en nature ;
- des primes n'ont pas été soumises à cotisations sociales.
Une vérification annuelle permet ainsi d'éviter de provoquer des contrôles de l'URSSAF, par exemple :
- lorsque le SMIC Fillon déclaré sur la DSN pour chaque salarié ne permet pas de retrouver la réduction Fillon globale, déduite par l'entreprise ;
- lorsque les comptes 421 sont débiteurs et qu'un contrôle fiscal permet à l'URSSAF d'en être informé.
En s'y prenant tôt, on évite aussi d'avoir une régularisation trop importante en fin d'année.
L'exemple type est la réduction Fillon annuelle qui donne lieu à des régularisations au moment du départ du salarié. Elles ne sont pas toujours bien comprises par les clients des cabinets d'expertise comptable.
Enfin, ces contrôles permettent de préparer la ou les dernières DSN de l'année, en limitant parfois les régularisations.
Avec l'activation de certains compléments de cotisations à partir de 2,5 et 3,5 SMIC (assurance maladie et allocations familiales), il n'est pas rare de devoir conseiller au dirigeant d'entreprise de limiter les primes de fin d'année pour éviter la régularisation de cotisations sociales patronales sur 12 mois.
À compter du 1er novembre 2024, le salaire minimum interprofessionnel de croissance (SMIC) passe de 11,65¤ à 11,88¤ de l'heure (+2%) (augmentation automatique anticipée indexée sur l'inflation). Son montant mensuel brut est donc de 1 801,80¤ sur la base de la durée légale du travail de 35 heures hebdomadaires (décret n°2024-951 du 23 octobre 2024).
Le coefficient maximum (T) à prendre en compte pour le calcul de la réduction générale de cotisations patronales a donc évolué depuis le 1er novembre 2024.
Pour plus de précisions, voir boss.gouv.fr, communiqué, 31 octobre 2024 et net-entreprises.fr, 4 novembre 2024.
En cas de contrôle URSSAF, des contrôles des fiches de paie évitent bien des surprises. Au pire, même si les éléments ne sont pas rectifiés, l'entreprise sait à quoi s'attendre.
Fiches de paie : les points de contrôle les plus courants pour anticiper certaines régularisations
Les principaux points de contrôle en fin d'année concernent les cotisations patronales. Parfois, c'est aussi l'occasion de vérifier que les dispositions des conventions collectives (primes d'ancienneté, 13ème mois...) ont bien été appliquées.
Pour rappel, la convention collective applicable dépend de l'activité principale et non du seul code NAF.
Mal paramétré, le logiciel de paie peut proposer un mauvais calcul des cotisations ou de la réduction générale de cotisations patronales.
De la même manière, certains changements dans les taux de cotisations n'ont peut-être pas été pris en compte par la personne en charge des paies.
C'est possible pour les cotisations accident du travail ou pour les mutuelles et prévoyances. Il n'est pas rare que de nouveaux contrats soient signés en cours d'année ou que l'entreprise fasse constater un changement dans son activité principale. Les bulletins de salaire contiennent alors, à tort, les anciens taux.
Enfin, les heures supplémentaires n'ont peut-être pas toujours été exonérées. Là encore, ce sera le moment de faire vérifier ces informations, parfois en rectifiant le salaire net des salariés.
Voici quelques exemples de contrôles essentiels.
Le premier contrôle et le plus courant est probablement la vérification du plafond de la Sécurité sociale (PSS). Si le calcul du PSS est désormais mensuel (3 864¤ en 2024), le cumul annuel peut toujours être vérifié.
Le plafond de Sécurité sociale augmentera de 1,6% à compter du 1er janvier 2025 d'après le Bulletin officiel de la Sécurité sociale (BOSS). Il atteindra ainsi 3 925¤ par mois ou 47 100¤ par an (boss.gouv.fr, communiqué, 4 novembre 2024).
D'autres contrôles concernent directement les charges sociales et leurs taux. C'est le cas des taux qui changent en fonction du niveau de salaire comme celui des cotisations patronales d'allocation familiale ou les cotisations maladie, maternité, invalidité, décès.
Enfin, une réintégration de certains éléments, en partie exonérés, dans l'assiette des cotisations peut être nécessaire.
Tous ces exemples font l'objet d'articles dédiés dans le cadre de ce dossier.
Comment vérifier la fiche de paie ?
Pour vérifier sa fiche de paie, il faut se munir de son contrat de travail et de la convention collective. L'étape suivante consiste à vérifier :
- les taux ;
- les assiettes de cotisations ;
- les exonérations ;
- le prélèvement à la source etc.
Au sommaire du dossier
- Corriger les erreurs sur les fiches de paie
- Calcul et contrôle du plafond de Sécurité sociale
- Vérifier le complément de cotisations maladie, maternité, invalidité, décès
- Vérifier l'assiette de la CSG et de la CRDS
- Vérifier la réduction Fillon en fin d'année
- Réintégration sociale de certaines cotisations patronales
- Vérifier l'exonération des heures supplémentaires