Les amortissements : détermination et comptabilisation

Article écrit par (1453 articles)
Modifié le
226 575 lectures
Dossier lu 1 327 038 fois

Amortir un actif à long terme (une immobilisation corporelle ou une immobilisation incorporelle), c'est tenir compte de sa perte de valeur dans le temps. C'est une opération d'inventaire que l'on passe dans un journal dit d'opérations diverses ou dans un journal dédié aux immobilisations. L'amortissement ne s'applique pas aux immobilisations financières.

L'amortissement d'une immobilisation est enregistré dans un compte 681 au débit et un compte 28 au crédit.

En cas de divergence avec la fiscalité, un amortissement dérogatoire est comptabilisé.

Commençons par expliquer la logique qui sous-tend la nécessité d'enregistrer des amortissements. L'entreprise qui investit dans l'acquisition d'une immobilisation (immeuble, machine, matériel de transport, ordinateur, etc.) ne s'appauvrit pas. En effet, en échange de son paiement, elle obtient un actif. L'immobilisation sera ensuite utilisée dans le cadre de l'activité de l'entreprise qu'elle contribuera à faciliter.

C'est la perte de valeur du bien immobilisé, au fur et à mesure de son utilisation et du temps qui passe, qui appauvrit l'entreprise. Cette perte de valeur se traduit par un amortissement de l'immobilisation.

Les dotations aux amortissements sont comptabilisées chaque année, à la clôture de l'exercice comptable.

Le mode linéaire

Selon le PCG, le mode d'amortissement doit être choisi de manière à représenter au mieux le rythme de consommation des avantages économiques qui sont attendus de l'immobilisation.

Dans la pratique, c'est généralement l'amortissement linéaire qui est appliqué, car il constitue le mode à employer par défaut. Il consiste à répartir les pertes de valeur de l'actif de manière égale sur la durée d'utilisation du bien. Notez qu'il existe toutefois d'autres méthodes d'amortissement : sur la base d'unités d'½uvre, croissant ou dégressif.

Calculer l'amortissement linéaire

En comptabilité, l'étalement est pratiqué en fonction de la durée d'utilisation prévue pour le bien immobilisé. On divise alors simplement la valeur du bien par le nombre d'années d'utilisation. En cas d'acquisition et de mise en service en cours d'exercice, l'amortissement linéaire est calculé au prorata du temps d'utilisation.

Exemple

Une entreprise achète et met en service une machine le 15 juin pour un montant de 20 000¤ hors taxes. Cette machine doit être utilisée pendant 5 ans.

Pour une année complète, on obtient 20 000¤ / 5 = 4 000¤

Si l'exercice comptable coïncide avec l'année civile et se termine le 31 décembre, on obtient 6 mois de 30 jours (par simplification tous les mois sont considérés être de 30 jours) de juillet à décembre et 15 jours pour le mois de juin.

Cela donne la formule suivante :

20 000 x (1 / 5 ans) x (6 mois x 30 jours + 15 jours) / 360 jours = 2 166,67¤

À noter

Lors de la crise sanitaire, l'ANC a autorisé les petites entreprises à différer une partie de leurs amortissements. En l'absence de tolérance similaire en droit fiscal, des amortissements dérogatoires étaient alors nécessaires pour respecter les règles du droit fiscal.

Comptabiliser l'amortissement linéaire

La comptabilisation de l'amortissement entraîne une diminution du bénéfice comptable et du bénéfice imposable (ou fiscal) de l'entreprise (de 2 166,67¤ dans notre exemple) mais également une diminution de la valeur de l'immobilisation au bilan (valeur nette).

Comment comptabiliser les amortissements d'immobilisations ?

On comptabilise l'amortissement au débit du compte 681 (compte de charge) par le crédit du compte 28 (compte de bilan). Il apparaît ainsi au compte de résultat et au bilan comptable.

Le compte 68111 est utilisé pour les immobilisations incorporelles et le compte 68112 pour les immobilisations corporelles.

Numéro de compte

Immobilisation corporelle en fin d'exerciceMontant

Débit

CréditDébitCrédit

68112

 

Dotation aux amortissements

2167¤

 

 

28154

Matériel

 

2167¤

Quel est le but d'un amortissement ?

Il s'agit de répartir la valeur du bien (matériel de bureau, matériel informatique, etc.) selon le rythme de consommation des avantages économiques futurs. Pour simplifier, on peut considérer que l'immobilisation, utilisée sur plusieurs exercices, va servir à l'exploitation pendant plusieurs années. L'entreprise profite de ce bien qui va lui permettre de générer du chiffre d'affaires. On amortit le bien au rythme de son utilisation.

Le plan comptable général retient la définition économique issue des normes comptables internationales.

L'amortissement fiscal : dégressif et exceptionnel

Les amortissements dégressifs permettent d'amortir plus vite ou davantage une immobilisation les premières années. Il s'agit d'un avantage fiscal. Le complément d'amortissement qui en résulte est comptabilisé en amortissements dérogatoires.

L'amortissement dégressif concerne un certain nombre de biens éligibles, limitativement énumérés.

Notez que les dispositifs d'amortissement exceptionnel ont été supprimés en 2017.

Calculer l'amortissement dégressif

Pour calculer un amortissement dégressif, il faut appliquer un taux constant, plus élevé que le taux linéaire, à la valeur nette comptable du bien. Parce que la valeur nette comptable diminue chaque année, le montant de l'amortissement dégressif diminue également.

Pour le calculer, on utilise le taux linéaire et on lui applique un coefficient qui dépend de la durée d'amortissement. Voici les coefficients les plus courants.

  • de 3 à 4 ans : 1,25 ;
  • de 5 à 6 ans : 1,75 ;
  • au-delà de 6 ans : 2,25.

En reprenant l'exemple de la machine achetée 20 000¤ et amortie sur cinq ans, le taux dégressif serait de 20% x 1,75% soit 35% de la valeur nette comptable les premières années.

Chaque année, l'entreprise vérifie que ces 35% sont bien supérieurs au pourcentage obtenu lorsque l'on divise le chiffre 100 par le nombre d'années restant à courir.

Lorsque ce n'est plus le cas, la méthode de calcul change et on applique un mode de calcul linéaire. Ainsi, les deux dernières années, on applique un taux d'amortissement de 50% et de 100% puisque 100/2 et 100/1 donnent un pourcentage supérieur à 35%. Cette vérification permet de ne pas amortir plus que la valeur du matériel au moment de l'achat.

Les différences entre les amortissements comptables et fiscaux

Au-delà du type d'amortissement qui peut être dégressif en fiscalité dans certains cas, les règles comptables et fiscales sont différentes sur trois points principaux : la durée d'amortissement, la valeur résiduelle et le mode de comptabilisation.

La durée d'amortissement est la durée d'utilisation en comptabilité et l'usage en fiscalité

La durée de l'amortissement à pratiquer n'est pas la même en comptabilité et en fiscalité, ce qui peut obliger à comptabiliser un amortissement dérogatoire, même en l'absence d'amortissement dégressif.

Si en droit fiscal, il est fait référence à des durées d'usages, le droit comptable permet d'appliquer la durée d'utilisation prévue par l'entreprise.

Par exception et dans un but de simplification, les petites entreprises peuvent utiliser la durée d'usage pour ne pas comptabiliser de différence entre les dotations comptables et fiscales.

Ces taux déterminés selon la durée d'usage sont donnés par l'administration fiscale (BOI-BIC-AMT-10-40-30).

La valeur résiduelle est déduite de la base amortissable en comptabilité, pas en fiscalité

En comptabilité, lorsque l'on calcule un amortissement linéaire, il faut déduire la valeur résiduelle du bien, c'est-à-dire sa valeur de revente, de la base amortissable.

Cette valeur de revente doit pouvoir être évaluée de manière suffisamment fiable.

En droit fiscal, cette diminution de la base amortissable n'est pas possible. Les dotations comptables et fiscales sont encore une fois différentes.

Exemple

Une société acquiert un bien pour un montant de 30 000¤ et un contrat prévoit expressément que dans cinq ans, ce bien sera revendu 15 000¤. La durée d'usage est de 5 ans.

Le taux linéaire en comptabilité est de 100 / 5 soit 20%

La base amortissable en comptabilité est de 15 000¤ (30 000 - 15 000)

L'annuité économique sera calculée ainsi : 15 000 x 20% = 3 000¤

L'annuité fiscale ne tient pas compte de la valeur de revente : 30 000 x 20% = 6 000¤.

On obtient un montant dérogatoire de 3 000¤ soit 6 000 - 3 000 = 3 000¤.


Traduction des règles fiscales : une écriture comptable supplémentaire

La différence entre la comptabilité et la fiscalité oblige à passer une écriture supplémentaire en comptabilité. En effet, seuls les amortissements comptabilisés sont déductibles fiscalement. On comptabilise donc des amortissements dérogatoires, qui sont des amortissements non nécessaires selon les règles comptables, mais qui résultent des divergences avec la fiscalité.

En reprenant l'exemple ci-dessus, on obtient les écritures suivantes :

Numéro de compte

Clôture de l'exercice
Montant

Débit

CréditDébitCrédit

681

 

Dotation
3000¤

 

 

281

Annuité

 

3000¤

Numéro de compte

Clôture de l'exercice
Montant

Débit

CréditDébitCrédit

687

Dotation exceptionnelle
3000¤

 

 

145

Dotation dérogatoire

 

3000¤

Si l'amortissement fiscal est supérieur à l'amortissement comptable, on constate un amortissement complémentaire. Dans la situation inverse, on constate une reprise de l'amortissement dérogatoire précédemment comptabilisé (compte 145 au débit et compte 787 au crédit).